Le parti de l'ex-gloire du cricket Imran Khan a appelé mercredi à des pourparlers avec le gouvernement afin de mettre fin à la crise qui paralyse depuis trois semaines le Pakistan lors d'une intervention remarquée au Parlement visant à reprendre l'ascendant dans cette joute politique.

Les partisans d'Imran Khan, chef du Parti de la justice (PTI, opposition), et de son allié Tahir ul-Qadri, un imam pakistano-canadien, campent depuis la mi-août dans le centre d'Islamabad pour exiger la démission du premier ministre, Nawaz Sharif, et de son gouvernement. Mais leur «sit-in» a tourné ce week-end à une confrontation avec la police qui a fait trois morts et plus de 500 blessés.

Pour une première fois depuis le début de la fronde antigouvernementale, les députés du PTI ont réintégré mercredi l'Assemblée nationale pour expliquer leur démarche «pacifique», et appeler à des négociations avec le pouvoir.

«Nous sommes prêts à négocier, à résoudre toutes les questions, à briser le silence. Imran Khan n'a pas fait tout ça pour lui ou le PTI, mais pour l'avenir du Pakistan», a déclaré Shah Mehmood Qureshi, un cadre du PTI, dans une allocution enflammée au Parlement à laquelle Imran Khan et Nawaz Sharif n'ont toutefois pas assisté.

Ce discours tranchait avec celui, la veille, d'un autre cadre du parti, Javed Hashmi, qui s'était non seulement désolidarisé du mouvement de contestation, mais avait soutenu que des éléments de la puissante armée, hostile à M. Sharif, étaient impliqués dans cette tentative de faire tomber le gouvernement.

Le discours de M. Hashmi, doublé d'éditoriaux accusant l'armée de partialité dans ce bras de fer politique, avait redonné un élan à M. Sharif dont certains commentateurs pronostiquaient la chute en début de semaine.

Les opposants Khan et Qadri accusent M. Sharif d'avoir bénéficié de fraudes massives lors des élections de mai 2013 ayant porté au pouvoir sa Ligue musulmane (PML-N) à la tête d'un gouvernement majoritaire, un scrutin salué par les observateurs internationaux qui ont néanmoins fait état d'irrégularités.

Les opposants Khan et Qadri exigent entre autres une série de réformes, un audit sur la fraude et surtout la démission du premier ministre Sharif, ne serait-ce que pendant la tenue de cet audit.

Or les discussions entre le gouvernement et les deux opposants ont bien commencé et elles sont facilitées par d'autres partis, a déclaré à l'AFP Siraj ul-Haq, chef de la Jamaat-e-Islami (JI), une formation de l'opposition qui n'a toutefois pas rejoint les rangs des manifestants.

«Toutes les questions litigieuses ont été réglées hormis celle de la démission de Nawaz Sharif. Nous tentons de trouver un compromis», a déclaré à l'AFP une source proche des négociations.