Le parti de l'opposant pakistanais Imran Khan, qui réclame la démission du gouvernement, a connu une déconvenue mardi lorsque son président s'est présenté à l'assemblée nationale pour soutenir que «seul» le Parlement pouvait régler la crise politique dans laquelle le Pakistan est enlisé.

Les partisans d'Imran Khan, chef du Parti de la justice (PTI, opposition), et de son allié Tahir ul-Qadri, un imam pakistano-canadien, campent depuis la mi-août dans le centre d'Islamabad pour exiger la démission du premier ministre Nawaz Sharif et de son gouvernement, mais les manifestations ont tourné à la confrontation le weekend dernier.

Le président du PTI, Javed Hashmi, une des personnalités politiques les plus respectées de son pays, a multiplié au cours des derniers jours les critiques envers sa propre formation et a même franchi le sit-in devant le Parlement pour s'adresser aux députés.

«Je me suis présenté ici devant la chambre pour dire que seuls la Constitution et le système parlementaire... peuvent sauver le pays», a déclaré dans une allocution solennelle, M. Hashmi. Mais «seulement lorsque le Parlement deviendra un réel Parlement, et qu'il règlera les problèmes de la population, qu'il sera respecté par la population», a-t-il ajouté avant d'annoncer sa démission.

Le PTI, deuxième parti d'opposition, avait annoncé il y a deux semaines la démission en bloc de ses députés au Parlement national, mais le président de la chambre ne l'avait pas acceptée, craignant que des élus n'aient été contraints de démissionner par leur formation.

«Je démissionne de ma propre initiative. Je retourne vers la population», a déclaré M. Hashmi, qui avait la veille accusé Imran Khan de coordonner ses actions avec l'armée afin de faire tomber le gouvernement du premier ministre Nawaz Sharif en passant par la rue.

Imran Khan a de son côté affirmé être toujours disposé à négocier une sortie de crise avec le pouvoir et s'est engagé à envoyer un cadre de son parti, Shah Mehmood Qureshi, au parlement mercredi.

«Nous allons répondre point par point aux accusations formulées contre nous... et dire qui défend la démocratie et qui la détruit», a déclaré un Imran Khan, nerveux, à ses partisans réunis devant le Parlement.

Jusqu'à présent, MM. Khan et Qadri s'adressaient à leurs fidèles chacun séparément, du toit de leurs conteneurs respectifs, transformés en caravanes, mais ont fait une démonstration d'unité mardi soir, apparaissant ensemble pour la première fois.

«Ce n'est pas une manifestation ou un rassemblement politique, c'est une révolte contre le Pakistan, une révolte contre les institutions de l'État», a déploré le ministre de l'Intérieur Chaudhry Nisar, qualifiant de «terroristes» les manifestants avec qui il doit tenter de négocier une sortie de crise.

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