La Birmanie a invité jeudi Médecins sans frontières (MSF) à reprendre ses activités en État Rakhine, cinq mois après son expulsion de cette région de l'ouest du pays qui traverse une grave crise sanitaire.

Les autorités lui ont demandé de retourner en État Rakhine, secoué depuis deux ans par des violences communautaires meurtrières et où des centaines de milliers de personnes sont quasiment privées de soins depuis que l'ONG a été chassée fin février.

«En tant qu'êtres humains, nous commettons tous des erreurs, mais les erreurs sont souvent des deux côtés», a déclaré Soe Thein, ministre rattaché au président Thein Sein, lors d'une conférence de presse.

«Nous invitons tout le monde à se joindre à nous (...), en particulier MSF», a-t-il ajouté, énumérant les 24 ONG internationales opérant en État Rakhine.

Le ministre a assuré que les autorités garantiraient la sécurité du personnel de MSF, qui a été visé, comme d'autres ONG, par des manifestations de bouddhistes nationalistes l'accusant de favoritisme envers la minorité musulmane apatride des Rohingyas.

Mais le gouvernement n'a pas précisé si MSF pourrait reprendre totalement ses activités dans la région, alors que l'ONG fournissait des soins de santé primaire dans plusieurs zones isolées peuplées majoritairement de Rohingyas.

Médecins sans frontières a toutefois salué l'annonce des autorités, espérant pouvoir aider à étendre la portée de soins médicaux cruciaux destinés à une population «qui fait face à une crise humanitaire», a commenté dans un communiqué l'organisation présente en Birmanie depuis 22 ans.

L'État Rakhine a été secoué depuis 2012 par plusieurs vagues de violences entre Rohingyas et bouddhistes de la minorité rakhine. Ces affrontements ont fait plus de 200 morts et 140 000 déplacés, principalement des musulmans qui vivent toujours dans des camps, dans des conditions déplorables.

MSF a été expulsé de l'État Rakhine après avoir révélé avoir traité des blessés dans une de ses cliniques situées près d'un village où, selon l'ONU, des dizaines de Rohingyas auraient été tués. Le gouvernement avait nié ce massacre.

En mars, des bouddhistes extrémistes s'en étaient pris à d'autres groupes humanitaires dans la capitale de l'État Rakhine, Sittwe, forçant la plupart d'entre eux à évacuer leur personnel.

Selon l'ONU, 70% de ces travailleurs humanitaires sont revenus, mais cela n'inclut pas les quelque 500 salariés de MSF auparavant en poste dans la région.

Quelque 800 000 Rohingyas vivent confinés en État Rakhine. Privés de nationalité par l'ancienne junte, ils sont considérés par les autorités comme des immigrés illégaux du Bangladesh voisin.

Des milliers d'entre eux ont pris le chemin de l'exode pour fuir les violences, risquant leur vie sur des embarcations de fortune, principalement en direction de la Malaisie.