Une dizaine de mères ont tenté de se suicider dans un centre de rétention de demandeurs d'asile pour que leurs enfants puissent rester en Australie, selon des sources citées mercredi par la presse, mais le premier ministre a souligné qu'il ne cèderait pas à «un chantage moral».

Les femmes ont attenté à leur vie cette semaine dans le camp de l'île Christmas, une île australienne au milieu de l'océan Indien, après avoir été informées de leur prochain transfert en Papouasie-Nouvelle Guinée ou sur l'île de Nauru, selon le Sydney Morning Herald.

Les immigrants clandestins - qui arrivent le plus souvent en bateau - souhaitant demander l'asile en Australie sont envoyés dans des camps sur des îles du Pacifique, le temps que leur dossier soit examiné, une procédure qui peut prendre des mois.

La Commission australienne des droits de l'homme, une agence gouvernementale, a indiqué à l'AFP avoir été informée de sept cas de tentatives ou menaces de suicide par des femmes, ces 48 dernières heures, dans le camp de l'île Christmas.

«Ces dernières semaines, nous avons répertorié 13 cas semblables», a précisé la porte-parole de la Commission.

Les femmes pensent que si elles meurent, leurs enfants orphelins auront plus de chance de pouvoir rester sur le sol australien, a précisé le président de la municipalité de Christmas, Gordon Thompson, au Sydney Morning Herald.  «Voilà où est l'état de désespoir dans le centre de rétention en ce moment».

Le gouvernement conservateur de Tony Abbott a promis que tous les bateaux d'immigrants clandestins, qui partent le plus souvent d'Indonésie avec à leur bord des Irakiens, des Iraniens et des Kurdes notamment, n'atteindraient pas sur les rivages australiens. Ils sont interceptés en mer et redirigés vers les îles du Pacifique.

La politique vis-à-vis de ces embarcations clandestines avait déjà été durcie par le gouvernement travailliste, à l'approche des élections de septembre 2013. Le sujet est devenu un motif de crispation dans la vie politique australienne.

Le premier ministre Tony Abbott a qualifié mercredi ces affirmations de «poignantes». Mais «le gouvernement ne va pas laisser conduire sa politique par des gens qui arguent de la morale à mauvais escient», a-t-il dit à la télévision Channel Nine.

«Les gens qui sont à Nauru sont habillés, logés, nourris, et surtout ils sont en sécurité. Ils ne sont soumis à aucune persécution», a ajouté le chef du gouvernement. «Je ne crois pas que les Australiens veulent être soumis à un chantage moral».

Des dizaines d'embarcations sont arrivées ces dernières années en Australie, dont la plupart sur l'île de Christmas. Des centaines de migrants se sont noyés lors du naufrage des embarcations vétustes et surchargées.

En 2013, ils étaient quelque 20 000, arrivés par bateau, à avoir demandé l'asile dans ce pays doté d'une population de 23 millions.