Le président chinois Xi Jinping, qui mène tambour battant une campagne d'assainissement des institutions du pays, a frappé fort lundi en excluant du Parti communiste un général qui s'était hissé jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir.

Officiellement sanctionné pour corruption, le général Xu Caihou était jusqu'à l'année dernière vice-président de la Commission militaire centrale, l'un des organes les plus importants de la République populaire, car exerçant le commandement sur l'Armée populaire de libération.

L'officier, âgé de 71 ans, faisait partie, jusqu'en 2012, de l'une des plus hautes instances dirigeantes de la Chine, le Bureau politique du Comité central du Parti communiste, composé de 25 membres.

Cela en fait le responsable le plus élevé dans la hiérarchie communiste à connaître une disgrâce dans le cadre de la campagne menée par M. Xi après l'ex-grand patron de la police, Zhou Yongkang, qui fait très vraisemblablement l'objet d'une enquête même si le régime ne l'a pas encore officiellement annoncé.

Selon l'agence de presse officielle Chine Nouvelle, le général Xu est accusé d'avoir abusé de sa position pour favoriser la promotion de certains de ses proches et d'avoir touché, ainsi que des membres de sa famille, des pots-de-vin.

Son dossier a été transmis au bureau du procureur militaire, ce qui pourrait être le prélude à sa comparution devant une cour martiale.

Trois autres hauts responsables chinois ont par ailleurs été exclus lundi du Parti communiste chinois (PCC), l'étau se resserrant ainsi sur l'ex-grand patron de la police, Zhou Yongkang, dont on est sans nouvelles et dont l'entourage est assailli par les enquêtes.

Ces trois responsables sont Jiang Jiemin, ex-patron de la puissante Commission de contrôle et d'administration des biens publics (SASAC), Li Dongsheng, ancien vice-ministre de la sécurité publique, et Wang Yongchun, ancien vice-président du géant pétrolier chinois China National Petroleum Corp (CNPC).

Ils sont tous les trois considérés comme des proches de M. Zhou, qui régnait en maître sur la Commission des affaires politiques et judiciaires du PCC, qui a la haute main sur la police et la justice en Chine.

Il avait quitté ses fonctions à l'occasion du renouvellement de la direction du PCC en novembre 2012.

Semaine après semaine, les puissants réseaux de M. Zhou s'effritent sous l'action des services anticorruption, fragilisant la position de celui qui fut pendant dix ans un responsable crucial du régime.

Parmi ces responsables déchus, plusieurs ont travaillé dans l'industrie pétrolière, un secteur dominé par les grands groupes d'État où M. Zhou a également officié et consolidé ses réseaux d'influence.

Zhou Yongkang s'était ensuite vu confier la Sécurité publique au sein du Comité permanent du Bureau politique du PCC, l'organe suprême du pouvoir en Chine.

L'ex-patron de la mégalopole de Chongqing, Bo Xilai, également réputé proche de Zhou Yongkang, a été condamné à la prison à vie l'an dernier au terme d'un scandale retentissant.

Si la purge visant Zhou Yongkang devenait officielle, cela serait la première fois depuis la Révolution culturelle (1966-76) qu'un personnage de ce rang ferait les frais d'une enquête.

«Le filet se resserre autour de Zhou Yongkang», a commenté Willy Lam, un expert de la politique chinoise à l'Université chinoise de Hong Kong.

Selon lui, les autorités sont en train de «monter un dossier d'accusation inattaquable» à l'encontre de Zhou Yongkang, «faute de quoi Xi Jinping serait l'objet de la risée publique après avoir fait arrêter tant de personnes proches de Zhou».

Willy Lam a par ailleurs estimé que la chute du général Xu Caihou était un événement «très important», car, là encore, jamais depuis la Révolution culturelle un officier de ce niveau n'avait été ainsi la cible de poursuites.