Des milliers de personnes ont participé samedi à Singapour à un rassemblement annuel pour la défense des droits des homosexuels et de la diversité sexuelle, malgré l'opposition de certains religieux conservateurs.

Selon les organisateurs, 26 000 personnes ont participé à l'événement, battant le record de 20 000 établi en 2013 dans cette petite ville État asiatique de 5,4 millions d'habitants.

Homosexuels et hétérosexuels singapouriens se sont rassemblés à Speaker's Corner, parc affecté par les autorités à la libre expression du public, qui a été couvert de rose, la couleur choisie par les organisateurs pour symboliser la liberté d'aimer. Des montures de lunettes aux cheveux, les participants portaient presque tous du rose.

Le rassemblement est d'ailleurs baptisé «Pink Dot» («Point Rose»), jeu de mots sur un surnom de Singapour désignée comme «un petit point rouge» sur la carte du monde.

«C'est un mouvement social qui cherche à promouvoir le refus de l'exclusion à Singapour, et il est extraordinaire que nous battions nos records année après année», a déclaré à l'AFP Janice Koh, une organisatrice du rassemblement, actrice et parlementaire.

«Le succès de Pink Dot montre que de plus en plus de Singapouriens sont disposés à montrer leur soutien à la communauté LGBT» (lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres), selon elle.

«Nous devons nous débarrasser de ce vieux cliché selon lequel Singapour est profondément conservatrice et que les homosexuels n'y ont pas leur place et ne doivent pas avoir les mêmes droits que les autres», a déclaré Ravindran Thanapal, étudiant âgé de 25 ans.

Lors de sa première édition, en 2009, l'événement n'avait rassemblé que 2500 personnes. Il est à présent soutenu par des personnalités locales et le géant de l'internet Google et par les banques Barclays et J.P. Morgan.

Ce rassemblement de quatre heures à l'allure de carnaval comportait une partie musicale assurée par des artistes singapouriens. À la tombée de la nuit, la foule a formé un point rose géant en tenant des ampoules D.E.L. colorées.

Le rassemblement a été critiqué par des responsables religieux comme le pasteur Lawrence Khong de l'Église baptiste de la communauté de la foi, forte de 10 000 croyants à Singapour.

Le pasteur Khong a fustigé vendredi la décision du gouvernement de «concéder à Pink Dot de l'espace public pour promouvoir leur agenda et faire croître leur mouvement».

De nombreux Singapouriens sont moralement conservateurs et n'acceptent pas l'homosexualité. Selon un sondage effectué cette année par un institut lié au gouvernement, 78,2% des Singapouriens pensent que les relations homosexuelles sont une mauvaise chose.