Les services de Google étaient sérieusement entravés mardi en Chine, les autorités renforçant encore la censure et la répression à la veille du 25e anniversaire de l'écrasement du mouvement de Tian'anmen.

Le régime communiste emploie les grands moyens pour empêcher toute allusion au Printemps de Pékin, auquel son armée mit fin de façon sanglante le 4 juin 1989.

À l'approche de la date fatidique, la communauté des centaines de millions d'internautes chinois - la première du monde - ne pouvait que constater un ralentissement très net des flux sur l'internet, signe d'une activité accrue des agents contrôlant les réseaux sociaux.

Le moteur de recherche de Google était inutilisable, ainsi que de nombreux autres services du géant américain, comme Gmail (courriel), Google Image, ou ses applications de traduction ou d'emploi du temps, a relevé Greatfire.org, un site qui se consacre à étudier le contrôle de l'internet par le pouvoir communiste.

«Ceci illustre une nouvelle bataille entre les autorités de censure de la Chine et la libre circulation de l'information», a commenté Greatfire.

Google a de son côté assuré avoir effectué toute une série de vérifications poussées, et n'être pour rien dans les difficultés rencontrées par ses services.

Fait nouveau, les versions de Google adaptées aux pays étrangers (comme Google.fr pour la France) étaient également inaccessibles depuis la Chine, pays qui interdit déjà Twitter, YouTube ou Facebook.

Sur Sina Weibo, le principal service de microblogues de la Chine, le mot même de Tian'anmen était censuré mardi, aux côtés des expressions traditionnellement bloquées comme «4 juin» ou «35 mai», la date fictive parfois utilisée pour désigner l'intervention de l'armée contre les manifestants.

Celle-ci débuta dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, avec des dizaines de milliers de soldats appuyés par des centaines de chars et autres blindés, ouvrant le feu sur la foule jusqu'à parvenir à la place Tian'anmen.

À quelques heures des 25 ans de ce moment dramatique, les policiers étaient nettement plus nombreux et visibles dans les rues de la capitale chinoise, comme à chaque anniversaire, toujours redouté par le régime, de la répression de la révolte.

De même, se poursuivait en parallèle une campagne d'intimidation de la presse étrangère et une vague d'arrestations des voix dissidentes.

Le dernier à en faire les frais, l'artiste sino-australien Guo Jian, a selon ses proches été interpellé dimanche soir à son domicile à Pékin.

Son arrestation est intervenue le lendemain de la parution d'un article du Financial Times dans lequel il décrivait une de ses oeuvres récentes, représentant la place Tian'anmen recouverte de 160 kilos de viande hachée.

«Guo Jian est la dernière victime de la campagne de répression sans pitié des autorités chinoises à l'approche de l'anniversaire de Tian'anmen», a réagi dans un communiqué l'organisation de défense des droits de l'homme Amnistie internationale.

Les exemplaires du Financial Times distribués à Pékin ont été expurgés de l'interview de Guo Jian et certains grands hôtels n'ont jamais reçu le journal.

Selon Amnistie, au moins 66 personnes ont ainsi été arrêtées, parmi lesquelles certaines seraient gardées au secret, hors de toute procédure judiciaire.

D'autres ont reçu pour instruction de demeurer à leur domicile, sans faire de vague.

«J'ai reçu l'ordre de rester chez moi», a dit à l'AFP le militant pour l'environnement Wu Lihong.

Interrogé sur l'interpellation de Guo Jian, un porte-parole de la diplomatie chinoise a simplement répondu que «la Chine est un État de droit».

Sur l'écrasement du Printemps de Pékin, Hong Lei a ajouté : «La position de la Chine est claire, et nous sommes arrivés à la conclusion suivante : en plus de 30 ans de réformes et d'ouverture, nous avons accompli des progrès remarquables dans notre développement économique et social».

Enfin, sur l'internet, Hong Lei a assuré que la Chine administrait les réseaux informatiques «en conformité avec la législation».