Des milliers de policiers et de soldats étaient déployés à Bangkok dimanche pour décourager les manifestants contre le coup d'État qui ont malgré tout organisé des rassemblements éclair à travers le centre-ville.

Des manifestations rassemblant un nombre limité de participants, mais quotidiennes, ont lieu dans la capitale depuis la prise de pouvoir par l'armée le 22 mai.

Alors que les rassemblements de plus de cinq personnes sont interdits, le chef de la junte Prayut Chan-O-Cha a menacé les manifestants, et leurs familles, notamment de poursuites en cour martiale. Mais les militaires, qui ont arrêté certains militants, n'ont pas utilisé la force.

Dimanche, plusieurs petits rassemblements éclair ont eu lieu dans différents lieux de la capitale, en particulier dans le quartier commercial, les manifestants jouant au chat et à la souris avec les forces de l'ordre.

Une vingtaine de personnes s'est ainsi rassemblée devant un grand centre commercial, déployant une affiche géante du général Prayut avec les mots «Thailand 1984», en référence au roman dénonçant le totalitarisme de George Orwell, devenu un accessoire de certains manifestants.

«Je veux lancer un appel pour ma liberté», a expliqué à l'AFP Nantachaporn, une participante.

Les manifestants ont également levé trois doigts en l'air, salut faisant apparemment référence au signe de ralliement du soulèvement populaire fictif du film The Hunger Games.

Les forces de l'ordre ont rapidement encerclé les manifestants.

«Nous avons procédé à quelques arrestations» lors d'une manifestation, a indiqué le chef adjoint de la police nationale Somyot Poompanmoung, qui avait précisé en début de journée que 6000 soldats et policiers avaient été déployés dans la capitale dimanche.

Les manifestants contre le putsch ont dépassé le millier dimanche dernier, mais les autres rassemblements ont été limités en nombre.

Parmi les participants se trouvent des membres du puissant mouvement des Chemises rouges, fidèle à l'ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé par le précédent coup d'État en 2006 et qui reste malgré son exil le facteur de division du pays.

Mais des militants prodémocratie ordinaires issus des classes moyennes de Bangkok ont également participé à ces actions.

Depuis le coup d'État qui a provoqué les critiques de la communauté internationale, la junte a suspendu la Constitution et limité les libertés individuelles. Le général Prayut a indiqué vendredi qu'il n'y aurait pas de législatives avant au moins un an.

La junte a également convoqué plus de 250 militants, hommes politiques, universitaires ou journalistes.

Certains de ceux qui se sont rendus à leur convocation, comme l'ancienne première ministre Yingluck Shinawatra, ont été libérés après plusieurs jours de détention dans des lieux tenus secrets et après avoir signé un document promettant d'arrêter toute activité politique.

L'armée a expliqué avoir pris le pouvoir pour restaurer l'ordre public après sept mois de manifestations contre le gouvernement de Yingluck, soeur de Thaksin, qui ont fait 28 morts et des centaines de blessés.

Malgré la destitution de Yingluck par la justice début mai, les manifestations n'avaient pas cessé et le général Prayut a d'abord décrété la loi martiale, avant finalement d'annoncer un coup d'État.