Le chef de la junte qui vient de prendre le pouvoir en Thaïlande a annoncé vendredi qu'aucune élection ne serait organisée avant au moins un an, avec d'ici là aux commandes un «conseil des réformes» qui ressemble fort au «conseil du peuple» réclamé par l'opposition au gouvernement déchu.

Un peu plus d'une semaine après un coup d'État très critiqué par la communauté internationale, le général Prayut Chan-O-Cha s'est adressé à la Nation à la télévision pour préciser son «agenda d'un an et trois mois pour s'acheminer vers des élections».

Cette «feuille de route» prévoit une «première étape» de «réconciliation» nationale pendant deux ou trois mois, dans ce pays profondément divisé entre partisans et détracteurs de Thaksin Shinawatra, milliardaire devenu premier ministre, puis renversé par un coup d'État en 2006.

Ses proches ont continué à dominer la scène politique depuis, au grand dam des élites traditionnelles, dont l'armée, proches du palais royal, selon les analystes.Selon le général Prayut, la «deuxième étape» devrait permettre la mise en place «de réformes», «sans conflits», avec aux commandes un «conseil des réformes» (gouvernement non élu).

«La troisième étape correspond à des élections générales avec un système démocratique absolu qui soit acceptable par toutes les parties», assure-t-il.

Ce plan de la junte militaire ressemble fort au programme des manifestants d'opposition qui ont réussi, après sept mois de mobilisation, à faire intervenir l'armée dans le conflit politique afin de renverser le gouvernement.

Les manifestants réclamaient la mise en place d'un «Conseil du peuple», non élu, le temps d'adopter des réformes avant toute nouvelle élection, dans un délai de plus d'un an, faisant douter de leur attachement à la démocratie.

En 2006, il s'était passé un peu plus d'un an entre le putsch du 19 septembre et les législatives du 23 décembre 2007, remportées par les pro-Thaksin, vainqueurs de toutes les élections depuis 2001.

«Les Thaïlandais ne sont probablement pas heureux depuis neuf ans, comme moi», a expliqué le général Prayut, dans une allusion aux crises cycliques depuis le putsch contre Thaksin, accusé malgré son exil de continuer à nourrir les divisions.

«Depuis le 22 mai (date du nouveau coup d'État), il y a du bonheur», a assuré le général, qui a fortement restreint les libertés publiques, avec censure, couvre-feu et interdiction de manifester.

«Les lois seront modifiées afin que nous puissions avoir des personnes honnêtes et bonnes pour diriger le pays», a-t-il encore dit, alors que les analystes redoutent que la nouvelle Constitution soit encore plus draconienne que celle rédigée par la précédente junte en 2007.

Les manifestants d'opposition, qui ont manifesté pendant sept mois à Bangkok pour faire tomber la première ministre Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin, étaient le fer de lance des élites royalistes selon les analystes, les élites souhaitant se débarrasser du «système Thaksin» alors que le roi Bhumibol, au rôle symbolique fort, a 86 ans.

«Rien en retour»

Assurant «ne rien attendre en retour», le général Prayut a appelé la communauté internationale à comprendre que la Thaïlande avait «besoin de temps pour changer les attitudes, les valeurs» et «améliorer la démocratie».

La veille, l'Union européenne, important partenaire commercial de la Thaïlande, avait estimé que seul un plan précis sur le retour à la démocratie pourrait permettre «la poursuite de son soutien», évoquant les «convocations» de nombreux hommes politiques et intellectuels.

Le général Prayut Cha-O-Chan avait déjà évoqué jeudi avec des hauts responsables locaux son plan en trois étapes, mais sans donner de calendrier.

Yingluck a été libérée par la junte cette semaine, après plusieurs jours dans un lieu de détention secret, tout comme les leaders des Chemises rouges pro-Thaksin. Tous ont dû s'engager à mettre un terme à leurs activités politiques, sous peine de poursuites devant la cour martiale.

De petites manifestations sont organisées quotidiennement, dans un climat global d'indifférence, dans un pays qui a vécu 19 coups d'État ou tentatives de coup depuis l'établissement de la monarchie constitutionnelle en 1932.

Dimanche dernier, près d'un millier de manifestants avaient bravé l'interdit pour manifester à Bangkok, une opération que certains souhaitent renouveler dimanche.

Washington rejette ce calendrier électoral fixé

Les États-Unis ont catégoriquement rejeté vendredi le projet annoncé par le chef de la junte militaire qui vient de prendre le pouvoir en Thaïlande de n'organiser aucune élection avant au moins un an.

«Nous savons qu'ils ont annoncé une, je cite, «feuille de route vers la démocratie», mais avec très peu de détails dedans», a dénoncé la porte-parole du département d'État américain, Jennifer Psaki.

Elle a souligné que pour Washington, la meilleure façon d'aller de l'avant était de «fixer un calendrier pour des élections anticipées et de faciliter un processus électoral ouvert et transparent».

Le chef de la junte qui vient de prendre le pouvoir en Thaïlande a annoncé vendredi qu'aucune élection ne serait organisée avant au moins un an, avec d'ici là aux commandes un «conseil des réformes» qui ressemble fort au «conseil du peuple» réclamé par l'opposition au gouvernement déchu.

Un peu plus d'une semaine après un coup d'État très critiqué par la communauté internationale, le général Prayut Chan-O-Cha s'est ainsi adressé à la Nation à la télévision pour préciser son «agenda d'un an et trois mois pour s'acheminer vers des élections».

La porte-parole de la diplomatie américaine a estimé que ce calendrier de 15 mois était trop long, sans proposer toutefois d'alternative.

«Nous ne voulons pas que les choses se terminent dans le chaos», a-t-elle souligné, ajoutant aussitôt: «Mais nous pensons que fixer un agenda pour des élections anticipées est quelque chose qui n'est pas seulement possible, mais qui est aussi la seule mesure appropriée».

«Il n'y a pas de raisons que (de telles élections) ne puissent pas être organisées à court terme», a-t-elle insisté.