La Corée du Nord et le Japon ont amorcé lundi trois jours de pourparlers à Stockholm, où la délégation nippone devrait insister pour savoir ce que sont devenus des ressortissants enlevés il y a des décennies.

Les diplomates des deux pays se retrouvent pour la première fois depuis une réunion en Chine en mars qui avait mis fin à une période de 16 mois sans contact.

Avant de se retrouver face à face dans une petite salle d'un hôtel du centre de la capitale suédoise, les deux délégations composées de huit personnes ont brièvement parlé aux journalistes, pour la plupart arrivés de Tokyo.

Arborant des visages fermés et évitant le regard de leurs homologues, les diplomates des deux pays ont cependant salué l'occasion qui leur était donnée de discuter.

«Pendant ces trois jours, nous voulons avoir des discussions tournées vers l'avenir, sur la base de ce que nous avons évoqué lors des pourparlers gouvernementaux à Pékin», a déclaré le chef de la délégation japonaise, Junichi Ihara, directeur Asie et Océanie au ministère des Affaires étrangères.

«Nous voulons aussi tâcher de faire avancer autant que possible la résolution de questions diverses, en discutant avec franchise et sérieux de vastes sujets dans l'intérêt de chacun», a-t-il ajouté.

«Nous espérons avoir des discussions sincères, profondes et amples sur les relations entre la République populaire démocratique de Corée et le Japon», a affirmé son homologue nord-coréen Song Il-ho, qui portait à la boutonnière le visage du leader Kim Jong-un et du fondateur du régime Kim Il-sung.

Les Japonais devraient proposer aux Coréens la levée de certaines sanctions économiques si Pyongyang montre qu'il fait de sérieux efforts pour enquêter sur le sort des ressortissants enlevés, qui reste mystérieux, a affirmé l'agence de presse nippone Kyodo, sans citer de source.

La Corée du Nord, qui avait choqué en admettant avoir enlevé 13 Japonais dans les années 70 et 80 pour entraîner ses espions, semble avoir assoupli son approche vis-à-vis de l'archipel ces derniers mois, en particulier sur cette question très sensible.

Cinq d'entre eux sont rentrés au Japon, tandis que les huit autres seraient décédés. Mais Tokyo souhaite des preuves solides.

«Inutile de dire que la question des enlèvements et l'une des plus grandes inquiétudes de notre nation», a souligné le ministre des Affaires étrangères japonais Fumio Kishida en annonçant la tenue de ces pourparlers à Stockholm.

La Suède, qui a des relations avec la Corée du Nord depuis 1973, et dont l'ambassade à Pyongyang assure les affaires consulaires américaines, a l'avantage d'être vue comme un pays neutre par les deux parties.

À Pékin, la délégation japonaise avait protesté contre le lancement de missiles nord-coréens et la menace de nouveaux tests nucléaires. Elle pourrait le refaire à Stockholm, mais risque de ne pas être écoutée, les Nord-Coréens préférant discuter avec les États-Unis sur ce sujet.

La Corée avait de son côté insisté pour que le Japon indemnise le pays des souffrances provoquées par la colonisation japonaise de la péninsule entre 1910 et 1945.