Des affrontements meurtriers entre factions rivales des talibans pakistanais menacent le dialogue de paix avec le gouvernement d'Islamabad afin de mettre fin à des années d'insurrection, ont reconnu lundi des cadres de la rébellion.

Au cours des dernières semaines, des affrontements entre les factions talibanes de Khan Said Sajna et celle de Sheher Yar Mehsud ont fait plus de 90 morts dans les zones tribales du nord-ouest, près de la frontière afghane.

Sajna est considéré comme le dauphin de Wali Ur-Rehman, numéro deux des Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) abattu l'an dernier par un drone américain, alors que Sheher Yar se revendique de Hakimullah Mehsud, chef taliban lui aussi tué l'an dernier par une frappe américaine.

Des sources ont sein de la rébellion ont confirmé lundi à l'AFP que le chef actuel du TTP, le mollah Fazlullah, avait mandaté son bras droit, Sheikh Khalid Haqqani, afin d'arbitrer la dispute entre ces deux factions qui sape l'unité du mouvement.

«Ces combats fratricides ont forcé la direction des talibans à reporter jusqu'à nouvel ordre les pourparlers de paix» avec le gouvernement d'Islamabad, a confié un cadre de la rébellion requérant l'anonymat.

Selon des observateurs, les autorités pakistanaises cherchent justement à diviser la rébellion entre factions favorables et opposées au dialogue de paix afin de discuter avec les premières et de combattre les secondes, ainsi affaiblies.

Dans une nouvelle vidéo diffusée ce weekend par les insurgés, le mollah Fazlullah apparaît dans un camp d'entraînement en appelant des combattants à poursuivre la «guerre sainte» contre le gouvernement pakistanais accusé d'être à la solde des États-Unis et de ne pas appliquer la loi islamique (charia).

«Notre jihad se poursuivra jusqu'à ce que la charia soit appliquée ou nous mourrons en martyrs», affirme dans cette vidéo le chef du TTP appelant les combattants de la rébellion à entrer en contact avec leurs commandants sur le terrain.

«L'armée pakistanaise, les services de renseignement et le gouvernement devront accepter, comme nous l'avons fait, l'autorité de dieu», ajoute-t-il entouré par une vingtaine d'hommes cagoulés armés de kalachnikovs et de lance-roquettes.