Au moins deux Chinois ont été tués et plus de 100 ont été blessés cette semaine lors des violentes émeutes antichinoises qui se sont déroulées au Vietnam, a annoncé vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères.

«Le gouvernement chinois accorde une haute importance à la situation et nous sommes profondément préoccupés par la violence au Vietnam», a déclaré Mme Hua Chunying, porte-parole de la diplomatie chinoise, en précisant que le bilan exact des émeutes restait à confirmer.

«Nous allons continuer à émettre des protestations solennelles par les différents canaux disponibles», a ajouté Mme Hua.

Les tensions entre la Chine et le Vietnam, deux voisins communistes, mais rivaux historiques, se sont brusquement aggravées après que Pékin a récemment installé une plateforme de forage dans une zone de la mer de Chine méridionale dont les deux pays se disputent la souveraineté.

La région entourant ce puits de forage a été le théâtre de nombreuses collisions volontaires entre navires chinois et vietnamiens, les deux pays s'en rejetant la faute.

Les violences se sont propagées ensuite sur la terre ferme avec des émeutes antichinoises qui ont éclaté mardi au Vietnam.

Hua Chunying a sommé le Vietnam de «mettre fin immédiatement à tous les actes de violence et de s'assurer que de tels faits ne puissent pas se reproduire».

Elle a aussi répété vendredi la position traditionnelle chinoise selon laquelle Pékin jouit d'un droit de souveraineté inaliénable sur ces espaces maritimes, dans lesquels «une firme chinoise poursuit ses activités normales».

500 usines taïwanaises endommagées

Plus de 500 usines taïwanaises ont été endommagées lors des émeutes anti-chinoises meurtrières cette semaine au Vietnam, a annoncé vendredi la Chambre de commerce taïwanaise dans le pays.

Le Vietnam, comme la plupart des pays, n'entretient de liens diplomatiques stricto sensu qu'avec la Chine populaire. Pékin considère depuis 1948 que Taïwan fait partie de son territoire.

«Il n'y a pas de nouvelles violences pour le moment, mais nous craignons les manifestations annoncées pour le 18 mai. Nous avons demandé aux entreprises taïwanaises de prendre des précautions et de fermer leurs usines ce jour-là», a indiqué à l'AFP Yang Yu-feng, présidente honoraire de la Chambre de commerce taïwanaise au Vietnam.

Les entreprises taïwanaises ont subi la colère des manifestations lors de quatre vagues d'attaques mardi et mercredi dans le sud puis, dans la nuit de mercredi à jeudi, une aciérie du groupe Formosa Plastics.

Certaines ont eu les fenêtres brisées et ont été pillées, une dizaine incendiées, selon la même source.

«Nous avons été surpris par l'ampleur des émeutes. Elles ont commencé quand quelques travailleurs ont dit vouloir se mettre en grève, mais rapidement 300 personnes armées de bâtons et circulant à moto ont envahi les parcs industriels et ont attaqué les usines l'une après l'autre», a raconté Yang Yu-feng.

Le géant Foxconn, qui assemble des téléphones intelligents pour Apple notamment, a annoncé vendredi que les employés de ses sites vietnamiens bénéficieraient de trois jours de congé les 17, 18 et 19 mai, «pour leur sécurité», en prévision de nouvelles manifestations.

Les forces de police ont été déployées en nombre dans les zones d'activité industrielle.

Les entreprises taïwanaises font actuellement le bilan des dégâts et envisagent de demander des réparations à l'État vietnamien.

Taïwan a investi 23,3 milliards de dollars au Vietnam entre 1988 et 2014 dans l'acier, le textile, la chaussure et l'électronique, ce qui en fait le 4e investisseur étranger après le Japon, la Corée du Sud et Singapour.

Les émeutes «vont nuire à l'économie vietnamienne et leurs effets se feront sentir dans le monde entier, car les entreprises taïwanaises ont des clients à l'international», selon Mme Yang. Elles vont aussi «nuire à l'image du Vietnam et dissuader de nouveaux investisseurs».

Selon Chen Chih-ming, un responsable de la Chambre de commerce taïwanaise dans la province vietnamienne de Dong Nai (sud), une quarantaine d'employés taïwanais et chinois de son usine de meubles sont parvenus à échapper aux émeutiers avec l'aide d'un fournisseur local qui les a cachés dans son entreprise.