Les électeurs indiens se sont rendus en masse aux urnes lors des cinq semaines d'élections législatives, avec une participation record de 551 millions de personnes, et les premiers sondages de sortie des urnes donnaient une large avance à l'opposition nationaliste hindoue de Narendra Modi.

Selon les sondages publiés lundi soir juste après la fin du scrutin, l'alliance conduite par le Bharatiya Janata Party (BJP) pourrait atteindre la majorité absolue des sièges au Parlement, distançant nettement le parti du Congrès de la dynastie Nehru-Gandhi au pouvoir depuis dix ans.

Les analystes appellent cependant à la prudence sur ces sondages qui se sont avérés erronés en 2004 et 2009. Les résultats officiels seront proclamés vendredi.

Le premier sondage national sorti des urnes rendu public, réalisé par CVoter, donne au BJP et à ses alliés la majorité absolue tandis que CNN-IBN et Headlines Today Channels donnent le Congrès largement perdant dans de nombreux États.

Le Parti du Congrès, dirigé par la dynastie Nehru-Gandhi, est donné perdant depuis plusieurs mois, les analystes attribuant cette perte de confiance aux scandales de corruption qui ont émaillé ses dix ans de pouvoir et au ralentissement de l'économie. Il pâtit également de n'avoir pu enrayer une inflation galopante.

La Commission électorale a de son côté annoncé qu'un nombre record de 551 millions de personnes avaient déposé leur bulletin de vote au cours de cette élection marathon, soit 130 millions de plus qu'en 2009, pour un taux de participation jamais atteint de 66,38 %. Ce chiffre pourrait encore légèrement progresser en raison du vote par correspondance.

Les élections se sont achevées lundi sur un duel spectaculaire dans la ville sainte de Bénarès où Narendra Modi espère une victoire symbolique dans sa conquête du pouvoir au niveau national.

Le dirigeant du BJP était opposé au nouveau chantre de la lutte anticorruption, Arvind Kejriwal, dans la ville sainte hindoue pour cette dernière phase d'élections marquées par une succession d'attaques personnelles.

Modi a rendu hommage dans la soirée aux centaines de milliers d'électeurs qui «ont patienté pendant des heures sous un soleil brûlant pour donner de la force à notre démocratie» au cours de ce marathon électoral.

Il a aussi salué le bon déroulement du vote à Bénarès, théâtre d'une campagne musclée, lors d'un message vidéo. La ville sainte est riche en symboles pour Modi, candidat de la droite nationaliste hindoue qui s'est cependant abstenu de toute déclaration radicale pendant la campagne sur ce thème.

Modi, une campagne axée sur l'économie

Le candidat du BJP a été omniprésent au cours de cette campagne, multipliant les rassemblements dans tout le pays et éclipsant les interventions des autres cadres de son parti. Il a axé sa campagne sur le bilan économique de son État du Gujarat, qu'il dirige depuis 2001, promettant investissements et créations d'emplois.

Modi divise cependant profondément la population indienne depuis les émeutes qui ont ensanglanté le Gujarat en 2002, l'absence de réaction des forces de l'ordre lui étant largement reprochée. Ces émeutes ont fait plus de 1000 morts, essentiellement des musulmans.

Le dirigeant hindou a démenti toute erreur, revendiquant l'absence de mise en cause judiciaire.

Son principal adversaire à Bénarès, Arvind Kejriwal, leader du parti Aam Aadmi (Parti de l'homme commun) a affirmé lundi qu'il sentait un engouement pour sa candidature : «Les choses tournent depuis trois jours et tout le monde dit que Modi est en train de perdre».

Rahul Gandhi, qui a conduit la campagne du Congrès jugée sans relief, a démenti samedi que son parti avait déjà anticipé la défaite. «Je suis confiant dans la volonté des électeurs de nous donner un mandat pour former un gouvernement de rassemblement, favorisant l'équité et l'intégration sociale».

Les cinq semaines d'élections ont donné lieu à une lutte acrimonieuse, Modi s'en prenant à Rahul Gandhi, à sa soeur Priyanka et sa mère Sonia, présidente du parti.

Modi, fils d'un vendeur de thé âgé de 63 ans, a tourné en dérision Rahul, 43 ans, le qualifiant de «shehzada» (prince réticent) pour son peu d'enthousiasme à prendre le pouvoir.

La famille Gandhi et les leaders du Congrès ont répliqué en accusant le leader du BJP d'incarner la division et de mépriser la minorité des 150 millions de musulmans du pays.