Un groupe rebelle sécessionniste de la province pakistanaise du Baloutchistan (sud-ouest), frontalière de l'Iran, a revendiqué mardi un attentat à la bombe contre un train de passagers ayant fait au moins 13 morts et une quarantaine de blessés.

La bombe cachée dans une voiture du train Jaffar Express a explosé juste après la gare de Sibi, petite localité située à 160 kilomètres au sud de la capitale provinciale Quetta, ont indiqué les autorités. Une partie du train a aussitôt pris feu.

«Nous avons retrouvé douze morts dans les décombres d'un wagon du train. Les dépouilles étaient carbonisées et il était impossible de les identifier. Une des personnes blessées a succombé à ses blessures à l'hôpital militaire», a déclaré à l'AFP Muhammad Nazar, un responsable de la police locale.

Un haut responsable gouvernemental, Sher Khan Bazai, a confirmé ce bilan et fait état d'une quarantaine de blessés dans cet attentat, dont une vingtaine grièvement.

Le Baloutchistan, province riche en hydrocarbures à la superficie comparable à celle de l'Italie, frontalière de l'Iran et de l'Afghanistan, est en proie depuis une décennie à un conflit opposant la rébellion locale aux forces armées.

Les rebelles baloutches, regroupés en une demi-douzaine de mouvements, s'en prennent principalement aux forces de l'ordre, aux symboles du pouvoir et aux installations stratégiques comme les gazoducs et les chemins de fer.

L'attaque de Sibi intervient au lendemain d'une opération des paramilitaires à Kalat, un bastion de la rébellion dans le centre de cette province sous-développée malgré ses importants gisements miniers.

Selon les forces pakistanaises, «environ 40 rebelles de l'Armée républicaine baloutche (BRA) et de l'Armée de libération du Baloutchistan (BLA) ont été tués» dans cette opération, un bilan qui n'a pu être confirmé de sources indépendantes.

L'attentat contre le Jaffar Express a été perpétré «en représailles de l'opération militaire la veille à Kalat», a déclaré à l'AFP Mureed Baloch, un porte-parole de l'Armée baloutche unie (UBA), un des principaux groupes rebelles opérant dans la région. «Nous prévenons la population : ne prenez pas le train, car nous allons poursuivre ces attaques», a-t-il ajouté.

Le Jaffar Express, qui relie sur plus de 1000 kilomètres Rawalpindi, ville voisine de la capitale nationale Islamabad, à Quetta, au Baloutchistan, avait d'ailleurs été la cible en octobre dernier d'un attentat à la bombe ayant fait six morts.

«Nous devrons évaluer à nouveau les procédures de sécurité pour trouver les failles exploitées par les terroristes pour poser des bombes», a commenté le ministre pakistanais des Transports, Malik Saad Rafique, sur la chaîne privée Geo.

Selon des responsables pakistanais, la rébellion baloutche cible des infrastructures nationales comme des gazoducs ou des trains afin d'attirer l'attention de l'ensemble du pays et non seulement de cette seule province sur leur cause.

Si les rebelles baloutches sont blâmés pour ces attaques, les services de renseignement du pays sont quant à eux accusés par des organisations de la société civile d'enlever, de torturer et de tuer des personnes soupçonnées de liens avec la rébellion ou des partis nationalistes baloutches.