Le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, est arrivé lundi en Chine pour une visite de trois jours qu'il a inaugurée par une visite à bord du premier porte-avions chinois, symbole des ambitions navales de Pékin.

Chuck Hagel a atterri en provenance du Japon dans la ville portuaire de Qingdao (est) qui abrite la grande base navale de Yuchi et le porte-avions Liaoning, entré en service en septembre 2012.

Le responsable américain a ainsi été le premier étranger à monter à son bord, une visite jugée «significative» par un haut responsable militaire américain, à l'heure où Washington cherche à établir un dialogue avec Pékin pour désamorcer les tensions régionales et l'encourager à plus de transparence en matière de défense.

«Nous avons sollicité (cette visite du porte-avions) et ils l'ont accordée», a déclaré ce responsable sous couvert de l'anonymat, soulignant que le Liaoning «symbolise les ambitions de l'APL (Armée populaire de libération) de projection d'une puissance navale».

La presse étrangère n'a pas été autorisée à accompagner le chef du Pentagone sur la base navale.

De conception soviétique, le Liaoning est un porte-avions à propulsion conventionnelle dont le rayon d'action est ainsi beaucoup plus limité que ses homologues américains à propulsion nucléaire. Il ne dispose pas de système de catapulte pour les décollages.

Les ambitions navales chinoises ne laissent pas d'inquiéter le Japon et d'autres pays de la région qui ont des différends territoriaux avec Pékin en mer de Chine orientale ou méridionale.

Pour souligner la détermination de Washington, M. Hagel avait annoncé dimanche l'envoi en 2017 au Japon de deux navires équipés du système antimissile Aegis en plus de ceux déjà présents, pour répondre à la menace nord-coréenne.

Dimanche également, M. Hagel avait mis en garde Pékin contre toute action unilatérale pour résoudre ses contentieux territoriaux, en invoquant le précédent ukrainien.

«Tous les pays ont droit au respect, qu'ils soient grands ou petits», avait-il déclaré après une rencontre avec son homologue japonais, Itsunori Onodera, ajoutant : «Je veux en parler avec nos amis chinois».

À Pékin mardi, le chef du Pentagone doit s'entretenir avec son homologue chinois, le général Wang Wanquan, avant un discours devant l'Académie militaire chinoise.

Le Japon est depuis l'automne 2012 en très mauvais termes avec la Chine en raison d'un conflit territorial et des querelles liées à l'Histoire.

Pékin revendique sous le nom de Diaoyu un archipel inhabité en mer de Chine orientale que Tokyo administre sous le nom de Senkaku.

Le Liaoning est le premier d'une série de quatre porte-avions dont la Chine entend se doter. La presse officielle a annoncé en janvier que les travaux de construction du second porte-avions avaient commencé et dureraient six ans.

Les premiers escadrons de l'aéronavale chinoise devraient compter 30 appareils et être opérationnels dès la fin de l'année à partir du Liaoning.

La flotte chinoise s'est considérablement renforcée et modernisée ces dernières années, avec de nouveaux sous-marins et des frégates lance-missiles notamment.

Le président chinois Xi Jinping a affiché ouvertement son ambition de faire de la Chine une puissance navale, posant de facto un défi à la domination américaine dans le Pacifique.

Attendu dans la soirée à Pékin, le secrétaire américain à la Défense a été accueilli à son arrivée par des officiers chinois et le nouvel ambassadeur américain à Pékin, Max Baucus.

PHOTO ARCHIVES AP

En septembre dernier, la Chine a mis en service son premier porte-avions, le Liaoning, construit à partir de la coque d'un navire destiné à l'origine à la Marine soviétique, le Varyag, qui n'avait jamais été achevé.