Les recherches ont repris vendredi dans une zone modifiée après de nouveaux calculs de trajectoire du Boeing 777 de Malaysia Airlines, qui serait tombé dans l'océan Indien, à court de carburant, plus tôt qu'estimé auparavant.

Après la suspension des opérations jeudi pour cause de mauvais temps, dix avions appartenant à six pays (Australie, Chine, Japon, Nouvelle-Zélande, Corée du Sud, Etats-Unis) ont commencé à explorer une zone située à 1100 km au nord-est de celle qu'ils survolaient depuis une semaine à 2500 km des côtes australiennes.

Cinq navires chinois et un bâtiment australien se sont également dirigés vers la nouvelle zone de recherche.

Le patrouillleur chinois Haixun 01 est arrivé sur cette zone tard dans la soirée de vendredi. En raison d'une mauvaise visibilité il n'a rapporté que la présence de «quelques objets flottants de petite taille et de couleur claire», a indiqué l'agence de presse Chine Nouvelle.

L'Agence australienne de sécurité maritime (AMSA), qui coordonne les recherches, a annoncé vendredi en fin de soirée que cinq avions avaient repéré «de multiples objets» dans la nouvelle zone, mais qu'il faudrait attendre pour une confirmation que des navires aient pu atteindre ce secteur, dans la journée de samedi.

La nouvelle zone de recherche s'étend sur 319 000 km2, à environ 1850 km à l'ouest de Perth, plus proche des terres et en dehors de la bande des 40e Rugissants. Les avions pourront désormais effectuer des rotations plus exhaustives et les conditions météo devraient être plus favorables.

«Les nouvelles informations dont nous disposons se fondent sur l'analyse continue des données radar entre la mer de Chine méridionale et le détroit de Malacca», a indiqué l'AMSA.

Le samedi 8 mars, le vol MH370 est parti de Kuala Lumpur à 00H41 (16H41 GMT vendredi 7 mars) à destination de Pékin. Pour une raison inconnue, l'avion a dévié de son plan de vol et mis cap sur l'ouest, passant au-dessus de la Malaisie péninsulaire, vers le détroit de Malacca. Les radars l'ont perdu à ce moment-là.

On sait néanmoins, grâce aux satellites, qu'il a continué à voler pendant plusieurs heures vers le Sud, dans l'océan Indien. La Malaisie a officiellement annoncé le 25 mars que le vol MH370 avait «fini dans le sud de l'océan Indien» sans cependant qu'aucun élément matériel n'ait depuis confirmé ce scénario.

Selon l'AMSA, les nouvelles informations «indiquent que l'avion volait plus vite que ce qui avait été estimé et avait ainsi consommé davantage de carburant, ce qui réduit la distance possible parcourue par l'avion vers le Sud dans l'océan Indien».

Des débris par centaines

Les analyses des données radar ont été fournies par l'équipe d'enquête internationale constituée en Malaisie.

Selon l'Agence australienne de sécurité des transports (ATSB), «il s'agit de la piste la plus crédible concernant la localisation possible des débris».

«L'ATSB souligne que la trajectoire potentielle de l'avion est susceptible d'être encore affinée au gré des analyses réalisées par l'équipe d'enquête internationale», précisant que l'Australie allait repositionner ses satellites en conséquence.

«C'est une nouvelle piste crédible que nous allons minutieusement vérifier aujourd'hui», a déclaré le Premier ministre australien Tony Abbott.

Depuis la disparition du vol MH370 avec 239 personnes à bord, dont 153 Chinois et quatre Français, des centaines de débris ont été détectés par satellite dans le sud de l'océan Indien.

Ces deux derniers jours, la Thaïlande et le Japon ont annoncé avoir repéré au total plus de 300 objets flottants dont les plus grands mesuraient 15 mètres.

D'après un responsable cité par l'agence de presse japonaise Jiji, ces objets appartiennent «très probablement» à l'appareil.

Un pilote chevronné

Aucun débris n'a encore été récupéré par les navires croisant dans la zone et il est donc impossible de les attribuer formellement au Boeing. Il semble toutefois très plausible que ces pièces aient dérivé depuis le point d'impact de l'avion, le trafic maritime étant réduit dans le sud de l'océan Indien, avec peu de déchets.

Bientôt trois semaines après la disparition de l'avion, chaque jour compte dans les efforts entrepris pour récupérer les boîtes noires qui émettent théoriquement des signaux de localisation pendant une trentaine de jours.

La marine américaine a dépêché un détecteur de boîtes noires équipé d'hydrophones capables de détecter les signaux jusqu'à 6.000 mètres de profondeur.

Avant son déploiement, «il est fondamental de continuer à rechercher les débris pour pouvoir faire des calculs inversés de vent, de courants et d'état de la mer depuis le 8 mars et recréer la position du MH370 au moment où il est tombé dans l'eau», a souligné le commandant Tom Moneymaker, océanographe de la 7e Flotte américaine.

Parmi les diverses pistes explorées pour expliquer la perte du Boeing, celle d'un acte désespéré du pilote concentre l'attention d'une partie des enquêteurs, qui cherchent à comprendre pourquoi deux systèmes cruciaux de communication de l'avion avec le sol (les ACARS et le transpondeur) ont été coupés à quelques minutes d'intervalle.

Des proches de passagers chinois du vol MH370 ont demandé vendredi à Pékin de mener sa propre enquête sur la disparition de l'avion, sur fond de défiance persistante à l'encontre des autorités malaisiennes.

Dans une lettre adressée à l'envoyé spécial de Pékin à Kuala Lumpur, ces proches demandent au gouvernement chinois de mettre sur pied sa propre «équipe d'enquêteurs», en accusant une nouvelle fois la Malaisie d'avoir eu dans cette affaire une attitude «irresponsable» et «inhumaine».