La Corée du Nord a lancé tôt mercredi deux missiles balistiques de type Rodong vers la mer, après une série de lancements tests de missiles à courte-portée et de fusées ces dernières semaines, a annoncé le ministère sud-coréen de la Défense.

Pyongyang a procédé à ces essais de missiles alors que le président américain Barack Obama vient d'organiser une rencontre pour rabibocher Séoul et Tokyo à La Haye, mardi, en marge du sommet nucléaire. Il a à cette occasion promis son «soutien inconditionnel» à ces deux capitales face à la menace nord-coréenne.

Les tirs de lancement de ces deux missiles ont eu lieu aux première heures du jour mercredi et ont poursuivi une trajectoire de 650 kilomètres avant de tomber dans la mer du Japon, a précisé un porte-parole du ministère de la Défense à l'AFP à Séoul.

Il a indiqué que les missiles sont apparemment des variantes de missiles Rodong (épelés «Nodong» en Corée du Sud), considérés comme des missiles à moyenne portée avec un maximum allant de 1000 à 1500 kilomètres.

Une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU interdit à la Corée du Nord de procéder à quelque essai de missiles balistiques que ce soit.

Lors des quatre dernières semaines la Corée du nord a procédé à de nombreux lancements de missiles Scud de courte portée et de fusées alors que Les États-Unis et la Corée du Sud organisaient leurs exercices militaires conjoints annuels.

La Corée du sud a condamné les lancements de Scud comme une «dangereuse provocation», mais tant Séoul que Washington ont renoncé à demander des sanctions de l'ONU, étant donnée la faible portée de ces missiles et l'apaisement récent des tensions entre les deux Corées.

L'armée nord-coréenne a de son coté qualifié les lancements d'«entraînement militaire ordinaire».

S'il se confirmait que les missiles lancés mercredi sont des Rodong, les réactions pourraient être plus virulentes, selon les observateurs.

Le dernier essai présumé de missile Rodong par Pyongyang remonte à juillet 2009.

«Message fort à Pyongyang»

Ces lancements récents ont été programmés pour coïncider avec le sommet de La Haye.

Barack Obama a organisé mardi à La Haye la première rencontre entre entre le Premier ministre japonais Shinzo Abe et la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, afin de rabibocher ses principaux alliés asiatiques, dont la brouille diplomatique est source d'inquiétude pour les États-Unis.

«Au cours de ces trois dernières années, la proche collaboration de nos trois pays a permis de changer la donne avec la Corée du Nord», a soutenu Barack Obama lors de sa rencontre avec les deux dirigeants.

«Notre coopération trilatérale a envoyé un message fort à Pyongyang : la réponse à ses provocations et menaces se fera d'une voix», a-t-il ajouté.

Même si elle s'est faite grâce à la médiation de Washington, la rencontre est perçue comme une percée diplomatique à l'heure où les relations entre Séoul et Tokyo sont au plus bas depuis des années.

Séoul reproche à M. Abe, connu pour ses positions nationalistes tranchées, sa visite le 26 décembre au sanctuaire Yasukuni, où sont honorés 2,5 millions de morts tombés pour le Japon, dont 14 criminels de guerre condamnés après 1945.

Ces derniers mois, Mme Park s'était déclarée préoccupée par l'apparente volonté de Tokyo de «réexaminer» les excuses officielles présentées en 1993 sur les actes commis pendant l'occupation de la péninsule coréenne, concernant notamment les femmes enrôlées de forces dans des bordels militaires.

Washington a fait de la réconciliation entre Séoul et Tokyo une priorité, craignant que la brouille nuise au front commun présenté par ces trois pays face aux ambitions nucléaires de la Corée du Nord, qui possède des centaines de missiles de courte portée, et a développé et testé - avec un succès limité - plusieurs modèles de moyenne portée.

Pyongyang affirme également posséder un missile balistique intercontinental fonctionnel, mais la plupart des experts mettent en doute la véracité de cette information.

Ces nouveaux lancements interviennent alors que plus de 10 000 soldats américains participent à un exercice de débarquement en Corée du Sud, dans le cadre de manoeuvres annuelles.

Ces exercices sont chaque année source de tensions avec Pyongyang, qui les critique comme des répétitions en vue d'une invasion de son territoire.

Après des mois de fortes tensions à l'hiver 2012 et au printemps 2013, les relations entre Séoul et Pyongyang sont entrées dans une phase de calme relatif, qui s'est traduit le mois dernier par la réunion de familles séparées par la guerre de Corée (1950-1953), les premières depuis trois ans.