Une opération d'envergure a été lancée dimanche aux confins des océans Indien et Austral pour retrouver des débris provenant peut-être du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, mystérieusement disparu depuis plus de deux semaines.

Détectés par satellite les 16 et 18 mars quelque part entre la pointe sud-ouest de l'Australie et l'Antarctique, certains éléments ont été aperçus samedi par un appareil civil.

Il s'agit d'«un certain nombre d'objets proches les uns des autres dans la zone de recherche australienne» qui s'étend sur quelque 36 000 km2 dans une région parmi les plus inhospitalières de la planète, a indiqué le premier ministre australien Tony Abbott.

«Il est encore trop tôt pour être certain, mais de toute évidence nous avons maintenant des signes très crédibles et il y a un espoir croissant, pas plus qu'un espoir, que nous sommes proche de savoir ce qu'il est advenu de l'avion,» a-t-il dit.

L'Autorité australienne de sécurité maritime (AMSA) qui coordonne les recherches s'est montrée plus prudente en expliquant qu'un P3-Orion de l'armée de l'Air australienne équipé d'instruments d'observation électro-optique n'avait vu que des «bouquets d'algues».

Huit avions civils et militaires ainsi que plusieurs navires marchands et bâtiments de la marine devaient ratisser dimanche un périmètre de quelques centaines de km2, à 2000-2500 km au sud-ouest de Perth.

La Chine, dont 153 ressortissants se trouvaient à bord du Boeing 777, a annoncé l'envoi sur zone de plusieurs navires et de deux Iliouchine IL-76, attendus lundi à Perth.

«Plus nous aurons d'avions, plus nous aurons de bateaux, plus nous serons à même de retrouver n'importe quel débris», a souligné le chef du gouvernement australien.

«Nous le devons aux familles désespérées (des passagers), nous le devons aux gouvernements des pays concernés. Nous devons faire tout notre possible pour découvrir ce qui s'est passé concernant le vol MH370», a jouté M. Abbott.

Pékin avait annoncé samedi la détection depuis l'espace d'un objet «suspect» dans la zone où un satellite australien avait déjà repéré des pièces dérivant.

Un cliché daté du 18 mars et diffusé par l'Administration d'État pour les sciences, les technologies et les industries de défense montre une forme de 22 mètres de long et large de 13 mètres.

Pour les responsables des opérations, la priorité est de retrouver la «boîte noire» dès que possible car elle cesse d'émettre après 30 jours. Or le temps ne joue pas en faveur de la Malaisie et des 25 autres pays participants aux recherches.

La menace de l'hiver austral

«Les autorités savent que l'hiver approche dans les mers australes», relève Greg Waldron du magazine spécialisé Flightglobal. «Cela ne va pas arranger les choses dans une région où il est par nature compliqué d'effectuer des opérations de recherche».

Le vol MH370 assurant la liaison Kuala Lumpur-Pékin s'est volatilisé peu après son décollage le samedi 8 mars à 0 h 41 (12 h 41 à Montréal vendredi) avec 239 personnes à bord, dont deux tiers de Chinois et quatre Français.

À mi-chemin entre la Malaisie et le Vietnam, l'avion a changé de cap, vers l'ouest, à l'opposé de son plan de vol, et ses systèmes de communication ont été désactivés «de manière délibérée», selon les autorités malaisiennes. L'appareil a probablement volé plusieurs heures avant d'épuiser ses réserves de carburant.

Deux couloirs de recherche ont été délimités à partir de tous ces éléments, l'un au nord vers l'Asie centrale, l'autre s'étirant jusqu'au sud de l'océan Indien.

La plupart des experts privilégient ce dernier couloir, estimant que l'avion n'aurait pu voler par exemple au-dessus de la Chine ou d'ex-républiques soviétiques sans être détecté.

En fonction des circonstances dans lesquelles l'avion sera retrouvé -- s'il est retrouvé --, établir avec certitude le scénario de sa perdition pourrait prendre des années.

La seule hypothèse écartée est celle d'une explosion en vol ayant désintégré l'appareil. Restent celles du détournement, d'un acte désespéré d'un ou des pilotes ou d'un événement ayant rendu les pilotes incapables de contrôler l'avion.

«Pour le moment il n'existe aucun consensus, que ce soit entre les experts du renseignement, de l'aéronautique ou les gouvernements, quant à ce qui s'est passé», indique Jonathan Galaviz du cabinet de conseil américain Global Market Advisors.