«Qui? Pourquoi? Où?» Neuf jours plus tard, le mystère continue à planer sur la disparition du vol MH370, comme l'illustrent ces trois questions qui barraient hier la une du New Straits Times, un quotidien de Malaisie. Mais certaines thèses se sont précisées depuis que le premier ministre de Malaisie, Najib Razak, a évoqué un changement «délibéré» de la trajectoire de l'avion de Malaysia Airlines, un Boeing 777. Nous en explorons sept, sachant que toute la vérité ne sera pas connue avant que l'appareil et sa boîte noire ne soient retrouvés.

Le détournement

Il était 1h30, le samedi 8 mars, lorsque le MH370 a changé de cap, à mi-chemin entre la Malaisie et le Viêtnam, une heure après son décollage de Kuala Lumpur à destination de Pékin. L'appareil n'a envoyé aucun signal de détresse avant qu'une «action délibérée de quelqu'un à l'intérieur de l'avion» ne change sa trajectoire vers l'ouest, selon le premier ministre de Malaisie. Après le débranchement des systèmes de communication du Boeing, l'avion a continué à voler pendant sept heures. Le chef du gouvernement malaisien a refusé de confirmer la thèse du détournement, mais une enquête criminelle a été lancée.

Les pilotes

Le commandant de bord du MH370, Zaharie Ahmad Shah, 53 ans, et son copilote, Fariq Abdul Hamid, 27 ans, se retrouvent au coeur de l'enquête sur la disparition de l'avion. Selon des responsables américains cités par le New York Times, l'un ou l'autre des pilotes, ou les deux, ont probablement participé, de gré ou de force, aux manoeuvres complexes qui ont permis à l'avion d'échapper aux radars civils. La police a trouvé hier un simulateur de vol chez le commandant, qui jouit d'une bonne réputation, tout comme le copilote. Le commandant était un opposant actif à la coalition qui dirige la Malaisie depuis 57 ans.

Les passagers

Y avait-il un ou des terroristes parmi les passagers? Peu après la disparition du vol MH370, le FBI et d'autres agences américaines ont passé au peigne fin la liste des 239 personnes à bord de l'avion afin de déterminer leurs liens possibles avec des groupes terroristes. Ils se sont notamment intéressés à deux ressortissants iraniens, âgés de 29 et 18 ans, qui voyageraient avec des passeports volés. Mais rien n'est ressorti de ce premier examen auquel les enquêteurs de Malaisie et d'ailleurs entendent donner suite. Aucun groupe terroriste n'a par ailleurs revendiqué le détournement de l'avion, à bord duquel se trouvaient 153 Chinois.

Le couloir nord

Les données satellitaires ne permettent pas de déterminer l'endroit où se trouvait l'avion après huit heures de vol. Elles laissent cependant croire que l'avion a pu emprunter deux couloirs après avoir fait demi-tour. L'un de ces couloirs s'étend du nord de la Thaïlande à la frontière du Kazakhstan et du Turkménistan. Des experts jugent une telle trajectoire peu vraisemblable en raison des radars militaires de l'Inde et du Pakistan, qui auraient pu détecter l'appareil, sans compter ceux que les États-Unis exploitent en Afghanistan. Le ministère malaisien du Transport a néanmoins indiqué que ce corridor serait traité avec la même importance que l'autre.

Le couloir sud

Ce couloir s'étend de l'Indonésie au sud de l'océan Indien. Dans les milieux spécialisés, on considère cette trajectoire la plus plausible. Le sud de l'océan Indien est l'une des régions les plus isolées du monde et l'une des mers les plus profondes de la planète. Si l'avion a emprunté cette trajectoire, il a pu s'abîmer en mer après avoir épuisé ses réserves de carburant. Après l'abandon des recherches en mer de Chine méridionale, les avions et les navires de plusieurs pays se concentrent désormais sur cette vaste région. La profondeur des eaux devrait compliquer la recherche de débris et des enregistreurs de vol.

La dépressurisation

L'hypothèse a pris naissance après les révélations du 12 mars sur une directive de l'Agence américaine de l'aviation civile (FAA) devant entrer en vigueur le 9 avril. Cette directive fait suite à la découverte l'an dernier d'une fissure sur le fuselage d'un Boeing 777, de la même famille que l'appareil de Malaysia Airlines, pouvant provoquer une dépressurisation de la cabine et entraîner une perte de contrôle de l'avion. La FAA a ordonné l'inspection de 120 Boeing 777 immatriculés aux États-Unis afin de «détecter et réparer d'éventuelles fissures et signes de corrosion dans le fuselage». L'avion de Malaysia Airlines n'était pas visé par cette directive.

L'atterrissage

Le vol MH370 a-t-il pu atterrir quelque part en Asie centrale? L'hypothèse semble farfelue, mais Jeff Wise, chroniqueur scientifique au webzine américain Slate, refuse de l'écarter pour le moment. Dans un billet publié samedi, il fait valoir que l'avion disparu a pu se poser près de la frontière qui sépare la Chine et le Kirghizistan. Cette hypothèse tient pour acquis que le vol a été détourné par des Ouïgours de Xinjuang, une province chinoise du nord-ouest qui est depuis 2009 le théâtre de violences. Selon Wise, il ne faut surtout pas surestimer les capacités des radars militaires des pays de la région.