Les talibans pakistanais ont annoncé samedi un cessez-le-feu d'un mois afin de relancer les pourparlers de paix avec le gouvernement, paralysés depuis deux semaines, une annonce qui redonne espoir aux partisans d'une solution négociée pour mettre un terme à sept ans d'insurrection armée.

Le premier ministre Nawaz Sharif avait relancé fin janvier le processus de paix avec les insurgés du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), un regroupement de factions islamistes armées responsable de centaines d'attentats meurtriers depuis sa création en 2007.

Les deux parties avaient entamé début février des pourparlers formels, mais ceux-ci ont été marqués par des affrontements sur le terrain, l'armée et les talibans ne s'étant alors pas engagés à respecter un cessez-le-feu.

L'exécution, il y a près de deux semaines, par une faction talibane de 23 paramilitaires, avait ulcéré les autorités qui avaient aussitôt suspendu le dialogue avec les insurgés.

Depuis la suspension des pourparlers, l'armée a multiplié les raids aériens contre les fiefs rebelles du nord-ouest, à la lisière de l'Afghanistan, tuant une centaine de talibans présumés et forçant le déplacement de centaines de familles.

Pour les autorités, ces raids ciblés visaient à accentuer la pression sur les rebelles afin de reprendre l'ascendant en cas de retour à la table des négociations, selon des analystes.

Or samedi, la rébellion islamiste a annoncé un cessez-le-feu sans poser de condition, ce qu'elle avait toujours refusé auparavant.

«Nous annonçons un cessez-le-feu d'un mois à partir d'aujourd'hui et appelons tous nos camarades à respecter cette décision (..) pendant cette période», a déclaré à l'AFP le porte-parole officiel du TTP Shahidullah Shahid, ouvrant ainsi la voie à une reprise du dialogue avec le gouvernement et à un arrêt, du moins provisoire, des affrontements.

La lumière au bout du tunnel?

«Il semble que les talibans aient été forcés d'annoncer un cessez-le-feu en raison des raids aériens contre leurs bastions qui leur ont infligé de lourds dommages», a commenté Imtiaz Gul, directeur du Centre de recherches sur les questions sécuritaires (CRSS) à Islamabad interrogé par l'AFP. «Les talibans considèrent qu'un cessez-le-feu est préférable à la poursuite des attaques» de l'armée, a-t-il résumé.

«Ce cessez-le-feu est une bonne nouvelle!» a déclaré à l'AFP Rustam Shah Mohmand, membre de l'équipe de négociateurs du gouvernement.

«Nous voyons certainement à présent la lumière au bout du tunnel. Cela va aider à la reprise du dialogue», a-t-il ajouté, appelant les autorités d'Islamabad à déclarer, elles aussi, un cessez-le-feu afin de «bâtir la confiance» entre les parties.

Mais des analystes s'interrogeaient toutefois samedi sur la pertinence pour le gouvernement d'annoncer lui aussi une trêve d'un mois qui pourrait en fait permettre aux rebelles de se regrouper.

Attaque antipolio

L'appel du commandement central du TTP à un cessez-le-feu n'a pas semblé émouvoir toutes les factions islamistes armées opérant dans le nord-ouest du pays.

Au moins 12 personnes - 11 paramilitaires et un enfant - ont été tuées samedi dans l'explosion de bombes artisanales au passage du convoi d'une équipe de vaccinateurs contre la poliomyélite dans la zone tribale de Khyber, un fief taliban situé près de la frontière afghane.

Plus d'une quarantaine de personnes, principalement des vaccinateurs ou des membres des forces de sécurité les accompagnant, ont ainsi été tuées depuis un an et demi au Pakistan, un des trois pays où la polio reste endémique.

Au Pakistan, les efforts pour éradiquer cette maladie restent freinés par les attaques de groupes rebelles, notamment talibans, et par l'hostilité de communautés conservatrices aux campagnes de vaccination, accusées de causer l'infertilité ou de servir de couverture à des activités d'espionnage occidental.