La Chinoise Liu Xia, épouse du prix Nobel de la paix emprisonné Liu Xiaobo, a été admise dans un hôpital de Pékin en raison de problèmes cardiaques, a déclaré jeudi à l'AFP un ami du couple.

Assignée à résidence depuis plus de trois ans et surveillée 24 heures sur 24 - bien qu'elle ne soit officiellement accusée de rien -, Liu Xia a été hospitalisée mardi dernier, a indiqué Mo Shaoping, un avocat défenseur des droits de l'homme et proche de la famille.

Il y a moins de deux semaines, Liu Xia avait été acceptée dans un autre hôpital de Pékin, mais l'établissement lui avait brutalement demandé de partir le lendemain, sans explication, a ajouté Mo.

«Aux dernières nouvelles, Liu Xia a donc enfin été admise dans un autre hôpital, mais la police refuse de communiquer à sa famille des détails sur sa situation», a-t-il souligné.

«Bien entendu, ce serait bien mieux qu'elle puisse se rendre à l'étranger pour voir un médecin. Le problème, c'est de savoir si (les autorités) la laisseront ou non partir, ça ne dépend pas d'elle», a également observé l'avocat.

Son mari Liu Xiaobo, un intellectuel et dissident, purge depuis 2009 une peine de 11 ans de réclusion pour «subversion», après avoir corédigé un texte prônant la démocratie en Chine, la Charte 08.

Les proches de Liu Xia, recluse à son domicile, avaient récemment fait part de leurs inquiétudes sur son état de santé, évoquant une dépression profonde aggravée par son isolement.

Liu Xia n'a pas d'accès à internet, n'est pas autorisée à recevoir chez elle des visiteurs, et ne peut que rarement parler par téléphone à des membres de sa famille ou à des connaissances jugées «non sensibles» par le régime, a ainsi rappelé à l'AFP un de ses amis, l'activiste Hu Jia.

Selon lui, elle a également «été très affectée» par la condamnation, l'an dernier, de son frère Liu Hui à onze années d'emprisonnement pour fraude fiscale, une sentence qu'elle considère comme «politiquement motivée».

D'après Mo Shaoping, après un épisode de troubles cardiaques en janvier, Liu avait refusé de se rendre dans un hôpital géré par l'administration policière et on lui avait finalement donné l'autorisation de choisir pour se soigner un établissement pékinois.

Selon ses proches, l'expulsion de Liu du premier hôpital peut s'expliquer par l'embarras du personnel médical vis-à-vis de l'important dispositif policier ou bien par une requête directe des autorités.

«À mon avis, les autorités pensent que si Liu Xia est hospitalisée, alors les journalistes, les diplomates étrangers et les amis proches iront lui rendre visite, et ça ne fera qu'accroître la pression» sur le gouvernement chinois, a estimé Hu Jia.