Un missionnaire australien de 75 ans a été arrêté en Corée du Nord sous l'accusation d'avoir distribué de la littérature religieuse, a annoncé mercredi sa femme à l'AFP, confirmant une information du quotidien australien Adelaide Advertiser.

John Short a été interpellé lundi à son hôtel de Pyongyang par des agents de la sécurité publique qui l'avaient déjà interrogé la veille au soir.

«Il est arrivé samedi matin de Pékin», dans le cadre d'un voyage organisé, a raconté Karen Short à Hong Kong où réside le couple.

«Lundi, ils sont venus tôt, vers 7 h (locales)», a-t-elle dit, précisant que les Nord-Coréens avaient prévenu son mari et un compagnon de voyage chinois qu'ils seraient expulsés.

«John n'est jamais arrivé» à l'aéroport, a ajouté Mme Short.

L'Australie, comme la plupart des pays occidentaux, ne dispose pas de présence diplomatique en Corée du Nord. Ses intérêts sont représentés par la Suède.

«Nous sommes en contact étroit avec les responsables suédois à Pyongyang pour nous assurer qu'il va bien et obtenir davantage d'informations», a indiqué un porte-parole du ministère australien des Affaires étrangères.

La liberté de culte est en principe garantie par la Constitution nord-coréenne, mais toute activité religieuse y est strictement encadrée et réservée à des groupes reconnus par le pouvoir.

Pyongyang considère les missionnaires étrangers comme des agents subversifs. Le régime nord-coréen dénonce en particulier des réseaux de missionnaires sud-coréens agissant depuis la Chine pour aider les Nord-Coréens fuyant leur pays.

Depuis son arrestation, le missionnaire, originaire d'Adelaide (sud de l'Australie), est interrogé sur les recueils religieux en coréen supposément retrouvés sur lui, affirme l'Adelaide Advertiser.

Selon son épouse, John Short a racheté à Hong Kong la maison d'édition religieuse Christian Book Room il y a 15 ans. Il publie notamment des calendriers et des Bibles en chinois et d'autres langues régionales.

«Il savait que la Corée du Nord n'est pas une destination touristique, mais il veut aider les habitants», a-t-elle expliqué.

La Corée du Nord détient aussi depuis plus d'un an l'Américain d'origine nord-coréenne Kenneth Bae.

Condamné en mai 2013 à 15 ans d'internement pour avoir tenté de «renverser» le régime, M. Bae a été renvoyé dans un camp de travail après une longue hospitalisation.

Ce responsable de voyagiste âgé de 45 ans avait été arrêté le 3 novembre 2012 dans la ville portuaire de Rason (nord-est) en possession d'un visa de tourisme, pour des motifs qui restent flous.

Pyongyang affirme que Kenneth Bae, dont le nom coréen est Pae Jun-ho, est un militant chrétien évangéliste, envoyé en Chine de 2006 à 2012 pour mettre sur pied «des bases de complot» et encourager les Nord-Coréens à «perpétrer des actes hostiles pour abattre le gouvernement, tout en menant une campagne de diffamation».

Pyongyang a récemment annulé la visite d'un émissaire américain, l'ambassadeur Robert King, destinée à obtenir sa libération.

Le révérend américain Jesse Jackson a proposé début février de se rendre à sa place à Pyongyang, une initiative pour laquelle il n'a toujours pas reçu de réponse.

L'arrestation de l'Australien intervient quelques jours après la publication d'un rapport d'une commission d'enquête de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Corée du Nord.

Cette enquête accablante et argumentée accuse le régime nord-coréen de crimes contre l'humanité et ses auteurs réclament que la communauté internationale agisse pour que ses responsables rendent des comptes.