Corée du Sud et du Nord sont convenues mercredi d'organiser avant la fin du mois une réunion de familles séparées par la guerre, une première depuis plus de trois ans.

L'accord a été annoncé après la rencontre de responsables des deux côtés dans le village frontalier de Panmunjom, où fut signé en 1953 l'armistice mettant fin aux hostilités.

Cette réunion aura lieu entre les 20 et 25 février dans la station du mont Kumgang, en territoire nord-coréen, où se sont déroulées les précédentes éditions, a annoncé le ministère sud-coréen de l'Unification.

«Nous espérons que cet accord sera dûment respecté de façon à soulager la souffrance et la douleur des familles séparées», a souligné le ministère.

Tout accord entre les deux ennemis est généralement accueilli avec optimisme tant Pyongyang et Séoul peinent depuis plusieurs années à trouver le plus petit dénominateur commun pour coopérer et atténuer les tensions.

Et de précédentes tentatives dans le même dossier ont récemment échoué.

En août dernier, des négociations entre le Nord et la Croix-Rouge sud-coréenne s'étaient conclues par un accord.

Des centaines de personnes retenues depuis six décennies de part et d'autre de la frontière se tenaient prêtes à se réunir lorsque Pyongyang avait tout annulé au prétexte de «l'hostilité» de Séoul à son égard.

Un revirement de dernière minute n'est pas exclu cette fois-ci non plus, la Corée du Nord s'irritant des exercices militaires programmés entre les États-Unis et la Corée du Sud fin février.

Depuis 2000, quelque 17 000 Coréens, du Sud ou du Nord, ont pu serrer dans leurs bras un enfant, une soeur ou un père perdus de vue.

Au total, ce sont des millions de Coréens qui se sont retrouvés de chaque côté de la frontière à l'issue de la guerre. La plupart sont morts sans ne s'être jamais revus.

Environ 71 000 personnes, dont plus de la moitié ont plus de 80 ans, attendent côté sud-coréen de pouvoir revoir leurs proches.

Les réunions de famille ont été interrompues en 2010 après le bombardement par le Nord d'une île sud-coréenne près de leur frontière maritime dont Pyongyang conteste le tracé.

En cas de succès des pourparlers mercredi à Panmunjom, une réunion n'aurait de toute façon pas lieu avant la fin des manoeuvres conjointes américano-sud-coréennes, un délai suffisamment long pour envisager le pire alors que le principe même de ces pourparlers a été âprement négocié des semaines durant.

Mais cette fois, plutôt que d'annuler, la Corée du Nord «pourrait en profiter pour tenter d'obtenir des concessions comme une réduction de voilure des manoeuvres ou un assouplissement des sanctions sud-coréennes», estime Yoo Ho-Yeol, professeur à l'Université des études nord-coréennes de Séoul.

Les États-Unis ont d'ores et déjà prévenu que contrairement à ceux de 2013 les exercices ne mobiliseraient cette année ni porte-avion ni bombardiers stratégiques.

La Corée du Nord fait actuellement pression sur les Sud-coréens et les Américains pour une reprise des négociations à six (USA, Corées, Russie, Chine et Japon) qui visent à ce qu'elle renonce à son programme nucléaire en échange d'une aide, énergétique notamment.

Les deux Corées restent techniquement en guerre, l'armistice de 1953 n'ayant pas été confirmé par un traité de paix.