Une femme de 20 ans a été victime d'un viol collectif ordonné par un conseil de village en Inde en représailles d'une relation amoureuse, un nouveau crime sexuel dénoncé après le viol en réunion d'une étudiante qui avait scandalisé l'Inde en décembre 2012.

Treize hommes ont été arrêtés pour cette agression survenue mardi soir dans le village de Subalpur, dans le Bengale-Occidental (est), après que la jeune femme de 20 ans eut été surprise avec un homme d'une autre communauté, a annoncé la police jeudi.

Le conseil de village avait initialement imposé une amende de 25 000 roupies (450 $) pour cette relation interdite, mais les parents de la jeune femme ont dit être incapables de la payer.

«La jeune fille a été victime d'un viol en réunion pour une relation amoureuse avec un jeune d'une autre communauté et pour n'avoir pu payer l'amende imposée par le conseil de village», a dit à l'AFP le responsable policier du district, C. Sudhakar.

«Treize hommes, dont le chef du conseil de village, ont été désignés dans la plainte, ils ont tous été arrêtés», a-t-il ajouté.

La jeune femme, hospitalisée, a confirmé l'agression à des journalistes l'ayant retrouvée : «ils m'ont violée (...), ils avaient tous l'âge de mon père».

Les conseils de village, composés des habitants les plus âgés, exercent une influence importante sur la vie sociale dans les régions rurales, en particulier dans le nord de l'Inde, imposant fréquemment des diktats pour de supposées fautes morales.

«Le chef de village a convoqué une réunion en urgence mardi sur la place du village à laquelle la fille et son amant ont été convoqués», a dit le policier.

«La jeune fille et son amoureux ont été attachés à deux arbres différents et condamnés à une amende de 25 000 roupies chacun pour avoir eu une liaison».

«Les parents de la jeune fille étaient aussi présents à cette réunion et ont dit être dans l'incapacité de payer, aussi le chef du conseil de village a ordonné en punition qu'elle soit violée par les habitants», a-t-il ajouté.

Le jeune homme avait été libéré après avoir promis de payer l'amende d'ici une semaine.

Des mentalités ancrées profondément

Les agresseurs présumés ont comparu jeudi soir devant un tribunal qui a refusé de les remettre en liberté.

Cette agression braque à nouveau les projecteurs sur les violences sexuelles subies par les femmes en Inde, un peu plus d'un an après le viol en réunion à New Delhi d'une étudiante, morte de ses blessures.

La classe politique indienne a dénoncé cette nouvelle agression, qualifiée «d'inhumaine et de totalement scandaleuse», certains députés demandant la condamnation à mort des agresseurs.

Plusieurs défenseurs des droits des femmes ont fustigé l'influence de ces conseils de villages.

«Ce cas dans le Bengale occidental montre le gouffre subsistant entre notre constitution et notre société», a estimé Kavita Krishnan, secrétaire de l'association All India Progressive Women's Association, auprès de l'AFP.

«Une telle mentalité n'existe pas seulement dans des contrées rurales reculées, mais également dans le métro de Delhi. Les racines sont ancrées profondément dans notre société et notre caste», ajoute-t-elle.

En dépit d'un durcissement des lois et d'efforts pour modifier les comportements envers les femmes dans une société profondément patriarcale, le nombre de crimes sexuels continue d'augmenter en Inde.

Une affaire similaire est survenue en 2002 au Pakistan. Une femme avait été violée sur l'ordre d'un conseil de village pour laver un «crime d'honneur» attribué à un frère de 12 ans.

Six hommes avaient été condamnés à mort, mais cinq ont été ensuite acquittés, et le principal accusé a vu sa condamnation commuée en prison à vie.