L'armée pakistanaise a annoncé mardi avoir bombardé des repaires rebelles du nord-ouest et tué 40 insurgés en représailles aux deux attentats qui ont fait au moins 39 morts, dont 34 militaires, les deux jours précédents.

Quelque «40 terroristes ont été tués la nuit dernière» dans des bombardements aériens de l'armée qui ont également détruit leurs «repaires» dans le Waziristan du Nord, a déclaré en début de soirée à l'AFP un haut responsable de l'armée, revoyant à la hausse le bilan de 25 morts donné dans la matinée.

Ces bombardements et leur bilan ont été confirmés à l'AFP par une source gouvernementale, mais pas de source indépendante.

Le Waziristan du Nord, l'une des sept zones tribales du Nord-ouest pakistanais accolées à la frontière afghane, est le principal repaire dans la région du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), qui a revendiqué les deux attentats de dimanche et lundi, et de ses alliés combattants étrangers d'Al-Qaïda.

Les chasseurs de l'armée ont commencé à bombarder la zone vers 0 h 30 mardi (14 h 30, lundi, à Montréal), a déclaré le haut responsable militaire, ajoutant que «quelques étrangers et un commandant» rebelles figuraient parmi les victimes..

Certaines des victimes seraient selon l'armée liées à plusieurs attentats sanglants dans le nord-ouest, dont celui qui avait tué au moins 82 chrétiens à Peshawar en septembre dernier, et l'attaque fatale à au moins 26 paramilitaires, dimanche dernier à Bannu.

Les bombardements ont selon des sources sécuritaires également visé la maison d'Adnan Rashid, un commandant du TTP considéré comme le maître d'oeuvre de plusieurs attaques, notamment celle qui a permis la libération de plusieurs centaines de prisonniers à Dera Ismail Khan (nord-ouest) en juillet dernier.

Alors que des rumeurs l'annonçaient mort, Adnan Rashid a été aperçu vivant mardi à Miranshah, principale ville du Waziristan du Nord, par un correspondant de l'AFP.

Selon un responsable des services de renseignement à Miranshah, les bombardements aériens se sont poursuivis mardi matin, provoquant la fuite de certains habitants de la zone. Il n'était pas possible mardi soir de confirmer si les bombardements avaient fait des victimes civiles.

Vingt-deux pèlerins chiites tués

Par ailleurs, 22 pèlerins chiites qui revenaient d'Iran ont été tués mardi par l'explosion d'une bombe au passage de leur car sur une route du sud-ouest du Pakistan, ont annoncé à l'AFP les autorités locales.

Les chiites, qui représentent environ 20 % de la population pakistanaise, sont régulièrement visés, notamment dans la région de Quetta, par des attentats sanglants revendiqués par des groupes extrémistes sunnites alliés à Al-Qaïda.

Dans la capitale Islamabad, la police a annoncé mardi avoir arrêté la veille trois hommes soupçonnés de vouloir commettre des attentats et retrouvé une centaine de kilos d'explosifs dans le sud-ouest de la ville.

«Les trois hommes, originaires des zones tribales, avaient loué une maison. Ils avaient avec eux des sacs remplis d'explosifs ainsi que des câbles et un système complet servant à les déclencher», a déclaré à l'AFP un responsable de la police.

Principal groupe rebelle du pays, le TTP mène depuis 2007 une violente rébellion contre le gouvernement dont il dénonce l'alliance stratégique avec les États-Unis et à qui il réclame l'instauration d'un régime islamique radical. Ses innombrables attaques, suicides notamment, ont fait plus de 6600 morts dans le pays depuis 2007, mais ont été très rares à Islamabad.

Les attaques de ces deux derniers jours soulèvent des questions sur la stratégie d'apaisement du premier ministre Nawaz Sharif, revenu au pouvoir en mai dernier et qui a proposé des négociations de paix au TTP.

Ce dernier se dit toujours intéressé à condition que l'armée évacue les zones tribales et que les Américains cessent de l'y bombarder avec leurs drones.

Des conditions, notamment la première, que peu d'observateurs jugent acceptables pour une armée de surcroît particulièrement meurtrie par les deux attentats de dimanche à Bannu et lundi près de son QG à Rawalpindi, dans la banlieue d'Islamabad (13 morts, dont huit soldats). L'attaque de Bannu, qui a également fait de nombreux blessés graves, est la plus meurtrière pour l'armée depuis mai 2011.