Le gouverneur d'Okinawa a donné vendredi son feu vert au déplacement d'une base américaine à l'intérieur de cette île du sud du Japon, une avancée importante dans un dossier qui perturbe les relations américano-nippones depuis des années, a-t-on appris auprès du ministère de la Défense.

Les autorités d'Okinawa ont officiellement signé une autorisation pour la création de terrains artificiels en bordure du littoral oriental de l'île, sur la commune de Nago.

Il s'agissait d'une étape indispensable au transfert vers cette baie de la base aérienne de Futenma actuellement située dans la ville de Ginowan (sud d'Okinawa), une zone de forte concentration urbaine où ces installations sont très critiquées.

Un responsable du ministère de la Défense a indiqué à l'AFP que son administration avait reçu le document scellé par le gouverneur d'Okinawa, Hirokazu Nakaima.

Après avoir tergiversé pendant des années en réclamant même le départ pur et simple de cette base d'Okinawa, M. Nakaima a fini par donner son accord. Plus tôt dans la semaine, il a rencontré le premier ministre japonais Shinzo Abe, qui a promis entre autres une aide financière d'au moins 300 milliards de yens (2,87 milliards de dollars) par an pour l'économie d'Okinawa jusqu'en 2021.

Le déménagement doit toutefois encore affronter quelques obstacles, comme des élections municipales à Nago dès le mois de janvier qui seront utilisées par les opposants pour faire valoir leur point de vue.

Le projet de déménagement de la base de Futenma est sur la table depuis un premier accord américano-japonais de 1996, mais ce dossier est confronté depuis le début à la méfiance d'une frange importante de la population d'Okinawa, où sont basés la moitié des quelque 47 000 soldats américains présents au Japon.

Lassés des nuisances et de l'insécurité engendrées par cette présence militaire massive sur leur territoire, les opposants au projet sont favorables à ce que cette base quitte Ginowan, mais pour la faire partir d'Okinawa et pas pour la déménager ailleurs sur l'île.

En 2006, les États-Unis avaient donné une nouvelle impulsion au projet qu'ils voulaient lancer rapidement, mais les opposants avaient ensuite reçu le soutien de poids du premier ministre de centre gauche Yukio Hatoyama (2009-2010). M. Hatoyama avait remis en cause le projet en promettant le départ de Futenma d'Okinawa, mais il avait finalement renoncé à cette promesse face à la difficulté de trouver un autre terrain d'accueil et avait démissionné par la suite.

Cet épisode avait contribué à faire traîner en longueur ce dossier qui a mis à l'épreuve les liens du Japon avec son principal allié, les États-Unis.