Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel s'entretenait lundi au Pakistan avec les responsables locaux pour tenter d'apaiser les tensions nourries par les tirs de drones américains dans le pays et évoquer l'avenir de l'Afghanistan voisin.

L'avion de M. Hagel s'est posé dans la matinée à l'aéroport de Rawalpindi, en banlieue de la capitale Islamabad, en provenance d'Afghanistan où le responsable américain avait passé le weekend, a constaté un journaliste de l'AFP.

Il s'agit de la première visite en quatre ans d'un secrétaire à la Défense au Pakistan, allié avec lequel les Américains entretiennent des relations houleuses.

Chuck Hagel est venu au Pakistan pour le «remercier de son soutien très important dans la guerre contre le terrorisme» menée par les Américains dans la région, avait précisé un membre de son entourage avant l'arrivée.

Mais «il y a des frictions dans la relation» entre les deux pays et M. Hagel veut y remédier pour renforcer le partenariat entre les deux pays, notamment en matière de défense et d'aide militaire américaine, avait-il ajouté.

M. Hagel a commencé cette courte visite au quartier général de l'armée pakistanaise, toujours considérée comme l'institution la plus puissante du pays, pour y rencontrer son nouveau chef, le général Raheel Sharif. Un entretien que les deux hommes ont tous deux jugé productif.

«Nous avons parlé de nombre de nos intérêts communs, et nous souhaitons fermement travailler ensemble à renforcer notre relation», a déclaré M. Hagel à sa sortie aux côtés du général Sharif. Ce dernier a déclaré que les deux pays continueraient à «travailler pour leur partenariat de long terme».

M. Hagel a indiqué qu'il allait faire passer le même message au premier ministre Nawaz Sharif, avec lequel il s'entretenait à la mi-journée.

Les sujets de frictions ne manquent pas entre Washington et Islamabad, alliés stratégiques de longue date qui ont renforcé leur partenariat, notamment logistique et militaire, après la fin 2001 et l'invasion de l'Afghanistan voisin par une coalition militaire menée par Washington.

Mais Washington reproche au Pakistan de ne pas en faire assez pour éradiquer, voire de favoriser, les bases arrières de rebelles islamistes talibans afghans et d'Al-Qaïda dans ses zones tribales du nord-ouest, frontalière de l'Afghanistan.

Depuis 2004, des drones américains bombardent régulièrement les zones tribales, des tirs officiellement condamnés par Islamabad qui dénonce une violation de sa souveraineté territoriale. Des manifestations contre les drones ont été organisées ces dernières semaines dans le nord-ouest, conduisant Washington à suspendre le passage de ses camions de ravitaillement à destination de l'Afghanistan par le poste-frontière de Torkham, leur principal point d'entrée depuis le Pakistan.

Lundi, des responsables américains voyageant avec M. Hagel, après des déclarations contradictoires la veille, ont confirmé que le blocage se poursuivait en raison notamment de crainte pour la sécurité des chauffeurs.

Washington compte également sur le Pakistan pour favoriser une solution de paix en Afghanistan après la fin 2014 et le départ de la majorité des 73 000 soldats de l'OTAN, en majorité américains, qui y soutiennent le fragile gouvernement du président Hamid Karzaï face à la tenace rébellion des talibans.

La visite de M. Hagel en Afghanistan ce weekend avait été en partie consacrée à l'accord bilatéral de sécurité (BSA) qui doit encadrer la présence de troupes américaines sur le sol afghan après 2014.

Le président Karzaï refuse de signer cet accord négocié laborieusement par les deux pays. Mais M. Hagel a indiqué que le ministre afghan de la Défense Bismullah Mohammadi lui avait assuré samedi «que le BSA serait signé dans un délai raisonnable».

Après ses entretiens au Pakistan, M. Hagel devait s'envoler vers l'Arabie Saoudite et le Qatar pour y réaffirmer la solidarité américaine avec les pays du Golfe, dont certains, particulièrement les Saoudiens, s'inquiètent du récent dégel diplomatique entre Washington et l'Iran, leur rival régional.