Le vice-président des États-Unis, Joe Biden, a entamé mercredi des entretiens avec les dirigeants chinois à Pékin, où il a promis de parler des tensions suscitées par la nouvelle zone de défense aérienne instaurée par la Chine.

Arrivé en fin de matinée depuis Tokyo, le numéro deux américain a été reçu au Grand Palais du peuple, place Tiananmen, par le vice-président chinois Li Yuanchao, numéro 5 dans la hiérarchie communiste.

Il a plus tard commencé des discussions avec le président Xi Jinping.

«Ce qui n'a pas changé depuis ma première venue à Pékin il y a trente ans est ma conviction que notre relation avec la Chine allait mûrir, devenant en quelque sorte le principe organisateur durable des relations internationales», a déclaré M. Biden.

Après avoir insisté mardi à Tokyo sur la solidité de l'alliance USA-Japon, le numéro deux américain est accueilli dans un climat de relative défiance dans la capitale chinoise, étape la plus délicate de sa tournée asiatique.

«Ce n'est pas la peine qu'il espère des progrès concrets s'il vient pour seulement répéter les précédentes remarques erronées et partiales de son gouvernement», a mis en garde le quotidien China Daily, dans un éditorial mercredi.

Un haut responsable à Washington a indiqué que M. Biden allait mettre sur la table, face à ses interlocuteurs chinois, le sujet des inquiétudes provoquées par la «zone d'identification de la défense aérienne» que la Chine a instaurée unilatéralement le 23 novembre.

Cette zone recouvre une grande partie de la mer de Chine orientale et englobe les îles Senkaku, un archipel administré par le Japon, mais revendiqué par la Chine sous le nom de Diaoyu.

Lors de son étape pékinoise, le vice-président américain doit également rencontrer le premier ministre Li Keqiang.

Il repartira jeudi à destination de Séoul, autre grand allié de Washington.

«Nous, les États-Unis, sommes vivement préoccupés par la tentative (chinoise) de modifier unilatéralement le statu quo en mer de Chine orientale», avait déclaré mardi Joe Biden, aux côtés du premier ministre japonais Shinzo Abe. Il avait ajouté qu'il entendait «exprimer ces préoccupations» directement avec la direction chinoise.

Mais, jugeant que son influence régionale a été injustement rognée, la Chine veut convaincre qu'elle ne fait qu'exercer un droit souverain en établissant de nouvelles règles de contrôle aérien.

«Ce n'est pas la Chine qui a altéré le statu quo et aggravé les tensions dans la région. C'est au contraire le Japon», a répondu mercredi Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Pékin a déclenché un vent de fronde dans la région. Washington, Tokyo et Séoul ont tour à tour dépêché des appareils militaires dans la zone controversée, envoyant ainsi le message qu'ils refusaient de se plier aux nouvelles règles.

La zone de défense aérienne chinoise, qui chevauche celle du Japon, ravive la crainte d'un incident armé entre les deux voisins qu'oppose également un ressentiment lié à un passé sanglant non soldé.

Même si la géopolitique devrait occuper une place centrale dans les discussions à Pékin, des ONG ont adressé une lettre à M. Biden pour lui demander d'évoquer également le thème sensible des droits de l'homme, et notamment le sort du Nobel de la paix emprisonné, Liu Xiaobo.

Des proches de l'intellectuel dissident ont annoncé mardi que son épouse Liu Xia, assignée à résidence, souffrait d'une grave dépression dans son isolement forcé.

Cette lettre notamment signée par Human Rights Watch et Amnistie Internationale «encourage» le vice-président américain à «exercer une pression pour la libération de Liu Xiaobo de prison, ainsi que de Liu Xia, artiste et poète, en détention extrajudiciaire à domicile».

En août 2011 à Pékin, M. Biden avait déjà rencontré Xi Jinping, son homologue à l'époque, mais ce déplacement avait alors été essentiellement destiné à rassurer Pékin sur la solidité de l'économie américaine.

Cette nouvelle tournée asiatique du numéro deux américain intervient deux mois après que le président Barack Obama a dû renoncer à un voyage dans cette région, érigée en priorité de politique étrangère par l'administration démocrate. Ce déplacement avait été annulé pour cause de bataille budgétaire au Congrès.