Le médecin qui avait aidé la CIA à trouver Oussama ben Laden en 2011 vient d'être inculpé, dans le nord-ouest du Pakistan, de meurtre et de fraude, a-t-on annoncé samedi de source officielle.

«Des poursuites pour meurtre et fraude ont été entamées cette semaine contre Shakeel Afridi, après qu'une femme l'a accusé d'avoir tué son enfant», a déclaré à l'AFP un haut responsable gouvernemental à Peshawar sous réserve d'anonymat.

L'avocat d'Afridi, Samiullah Afridi (les Afridi sont la principale tribu du district de Khyber), a confirmé l'inculpation.

Naseeb Gula, une femme de ce district, situé dans les zones tribales du nord-ouest, fief des islamistes, a accusé Afridi d'avoir tué son fils, Sulaiman Afridi, en 2007.

Selon elle, le médecin a opéré trois fois son fils pour une appendicite, et le fils est mort après la troisième opération.

Le médecin est également accusé de fraude, car selon l'accusation il n'est pas chirurgien et n'aurait donc pas dû opérer. S'il est jugé par la justice tribale, il risque la prison à vie s'il est condamné pour meurtre et sept ans de prison pour fraude.

Le Dr Afridi avait été recruté par la CIA pour mener une fausse campagne de vaccination dans la ville d'Abbottabad, où se trouvait Ben Laden, dans l'espoir de recueillir de l'ADN qui permettrait de l'identifier. Il n'avait toutefois pas réussi à avoir accès à la famille de Ben Laden.

Après le raid américain lors duquel Ben Laden avait été tué en mai 2011, le médecin avait été arrêté et convaincu de trahison pour liens présumés avec le groupe islamiste Lashkar-e-Islam (groupe qui a pourtant, comme al-Qaïda, menacé de le tuer) par la justice de Khyber, qui fait partie des zones tribales semi-autonomes.

Il avait été condamné à 33 ans de prison selon le système de la justice tribale de Khyber, une sentence dénoncée aux États-Unis comme étant en réalité des représailles pour son rôle dans l'affaire Ben Laden.

Cette sentence a toutefois été annulée en août dernier, et il doit être jugé à nouveau.

Le raid américain avait été dénoncé par le Pakistan comme une violation de sa souveraineté, et avait empoisonné pendant un moment les relations avec les États-Unis.