Washington et Kaboul sont tombés d'accord sur un élément clef des discussions sur le maintien d'une force américaine en Afghanistan après le retrait de l'OTAN fin 2014, a affirmé mardi la présidence afghane, à deux jours d'un débat national sur le sujet dans la capitale afghane.

Ce point portait sur la marge de manoeuvre accordée aux troupes américaines qui resteraient en Afghanistan pour mener des perquisitions dans le pays.

Le secrétaire d'État John Kerry et le président Hamid Karzaï ont convenu mardi lors d'une conversation téléphonique que les Américains ne pourraient mener ce type d'opérations qu'à «titre exceptionnel», pour protéger la vie de leurs soldats, a indiqué le porte-parole de la présidence afghane, Aimal Faizi, lors d'une rencontre avec des journalistes à Kaboul.

Washington et Kaboul mènent d'ultimes tractations pour boucler un traité bilatéral de sécurité (BSA) qu'ils négocient laborieusement depuis plusieurs mois.

Cet accord doit préciser les modalités de la présence américaine dans le pays au terme de la mission de combat de l'OTAN, fin 2014, notamment le nombre de bases et de soldats. Il doit être examiné par une Loya Jirga, grande assemblée traditionnelle, qui réunira de jeudi à dimanche à Kaboul quelque 2.500 représentants de la société afghane.

Lors de leur conversation téléphone, M. Kerry «a reconnu que des erreurs avaient été commises par le passé» en matière de perquisitions, a indiqué le porte-parole de la présidence afghane.

Pour garantir que ces erreurs ne se reproduiront pas, «les deux parties ont convenu que le président (Barack) Obama adresserait une lettre au président afghan et au peuple afghan leur assurant que les troupes américaines ne commettraient aucun abus» lors de ces opérations, a dit M. Faizi.

Le porte-parole du président afghan a également indiqué les États-Unis devraient reconnaître dans cette lettre «que le peuple afghan a souffert au cours de la dernière décennie».

«Il est important que les États-Unis reconnaissent que des erreurs ont été commises dans la guerre contre le terrorisme et dans le cadre des opérations militaires menées en Afghanistan», a-t-il insisté.

La lettre du président américain serait présentée à la Loya Jirga qui se prononcera sur l'accord de sécurité entre les deux pays.

A Washington, la porte-parole du département d'État, Jen Psaki, a reconnu que des progrès avaient été faits, tout en soulignant que «d'ultimes questions» restaient à régler.

La responsable américaine a en revanche indiqué qu'elle ne ferait aucun commentaire sur la lettre de M. Obama évoquée par Kaboul.

Du côté de la Maison Blanche, le porte-parole du président Obama, Jay Carney a également refusé d'évoquer «une lettre qui n'a pas été rédigée».

S'il est approuvé, le traité bilatéral de sécurité permettra aux Afghans de compter sur un soutien américain après le départ des 75.000 soldats de l'OTAN, fin 2014, pour éviter que ce retrait ne soit suivi d'une flambée de violences.

Faute d'accord, les forces afghanes, certes nombreuses (350 000 hommes) mais sous-équipées et mal organisées, risqueraient de se retrouver dépourvues face à des talibans que douze ans de guerre et les moyens militaires exceptionnels déployés par l'OTAN n'ont pas réussi à mater.