Abdulla Yameen a remporté samedi l'élection présidentielle aux Maldives, battant au second tour l'ancien président et chef de l'opposition Mohamed Nasheed, qui était pourtant donné favori, selon des résultats quasi définitifs.

Alors que plus de 98% des suffrages avaient été dépouillés, Abdulla Yameen l'emportait avec 51,3% des voix contre 48,6% à Mohamed Nasheed, selon les résultats fournis par la Commission électorale.

L'avance de 7000 voix dont disposait alors M. Yameen ne pouvait pas être rattrapée même si tous les bulletins qui restaient à dépouiller allaient à M. Nasheed, d'après les données de la Commission.

M. Nasheed a reconnu qu'il avait perdu et a assuré qu'il ne contesterait pas le résultat du scrutin de samedi, qui était supervisé par des observateurs internationaux.

«Je reconnais la défaite», a déclaré M. Nasheed à la presse à Male, la capitale des Maldives. «Nous avons perdu par une très faible marge. La démocratie est un processus. C'est à nous de la faire fonctionner», a-t-il dit.

Le Parti démocratique des Maldives (MDP), la formation de M. Nasheed, «a toujours réclamé une direction élue par le peuple. Aujourd'hui est une journée heureuse pour les Maldives, nous avons maintenant une direction élue», a-t-il ajouté.

La Commission électorale a précisé que l'annonce officielle de la victoire de M. Yameen serait faite dimanche matin.

Elle a indiqué que la cérémonie d'inauguration du nouveau chef de l'État aurait également lieu dimanche et qu'une session spéciale du Parlement était convoquée.

M. Yameen, 54 ans, est le demi-frère d'un autre ancien président, Maumoon Abdul Gayoom, qui a régné de manière autocratique pendant 30 ans sur cet archipel de l'océan Indien et ses 350 000 habitants, des musulmans sunnites. Il était le candidat du Parti progressiste de M. Gayoom.

Les bureaux de vote, qui avaient ouvert pour les 239 000 électeurs à 07h30, ont commencé à fermer huit heures et demie plus tard. Les électeurs se pressaient devant les 475 bureaux de vote bien avant leur ouverture.

Après l'annulation d'un résultat et le report de deux scrutins, le second tour de la présidentielle avait finalement été organisé samedi sous forte pression de la communauté internationale.

Les chancelleries occidentales avaient accusé à plusieurs reprises les autorités des Maldives de faire obstruction à l'élection pour des raisons politiques.

Les États-Unis et l'Union européenne avaient mis les Maldives en demeure d'organiser un second tour samedi pour désigner un nouveau président afin d'éviter une vacance du pouvoir, le mandat du président sortant Mohamed Waheed ayant expiré le week-end dernier.

M. Nasheed, 46 ans, ancien détenu politique et premier président des Maldives élu démocratiquement, en 2008, était donné favori de la présidentielle de 2013, 21 mois après avoir dû quitter le pouvoir sous la pression de la rue.

Il avait remporté le premier tour le 7 septembre avec 45% des voix, mais ce résultat avait été annulé par la Cour suprême, qui avait accueilli favorablement une plainte à propos d'irrégularités concernant une liste électorale.

Après une nouvelle tentative avortée, le premier tour avait été organisé une deuxième fois le 9 novembre, donnant à M. Nasheed 47% des voix, un score largement supérieur à celui des deux autres candidats, mais insuffisant pour lui permettre d'être proclamé vainqueur dès le premier tour.

Entre les deux tours, ses principaux rivaux se sont unis, ce qui a conduit à la victoire inattendue de M. Yameen.

Premier président démocratiquement élu

Mohamed Nasheed, élu démocratiquement en 2008, avait démissionné en 2010 sous la pression de manifestations et d'une mutinerie de policiers.

Jeudi, à la veille du second tour, le président sortant Waheed, qui avait remplacé M. Nasheed à la tête de l'État, a quitté les Maldives pour se rendre à Hong Kong en compagnie de son épouse en vue d'un rendez-vous médical.

«Il est constamment en contact. Aucune raison de s'inquiéter», a déclaré vendredi à l'AFP son porte-parole Masood Imad.

M. Waheed, dont le mandat expirait le week-end dernier aux termes de la Constitution, était resté en fonction malgré les appels du parti de M. Nasheed à son retrait et en dépit des pressions de plus en plus explicites des pays occidentaux et de l'Inde.

Mais il avait annoncé son intention de se retirer après l'élection de samedi.

Jeudi, la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, avait lancé une mise en garde en menaçant de prendre des «mesures appropriées» si le processus électoral ne se concluait pas avec succès samedi.

Mercredi, les 53 membres du Commonwealth ont exclu les Maldives de leur commission disciplinaire qui a commencé une enquête sur le pays.

Près d'un million de touristes sont venus aux Maldives l'an dernier, attirés par les plages paradisiaques de leurs îles privées où la nuit d'hôtel peut être facturée plusieurs milliers de dollars.