Il n'a plus de toit, d'eau courante ni d'électricité, mais l'hôpital de la Parole divine n'en continue pas moins de soigner tant bien que mal les survivants du typhon, dans l'une des villes les plus ravagées des Philippines.

Médecins, infirmières et pharmaciens s'affairent autour de patients avec les blessures les plus horribles dans le hall sombre et surpeuplé du bâtiment de 12 mètres sur 6. Une partie du plafond s'est effondré, laissant apparaître des câbles électriques désormais inutiles, qui pendent ainsi sans danger vers le sol.

«Au pire du typhon, nous étions le seul hôpital à fonctionner», explique l'infirmière en chef Valentina Gamba. «Même maintenant, il n'y a que nous et l'hôpital du gouvernement opérationnels à Tacloban».

Le typhon Haiyan, l'un des plus puissants à avoir jamais touché terre, accompagné de vents à plus de 300 km/heure et de vagues de 5 mètres, a quasiment rasé vendredi dernier cette ville de 220 000 habitants, capitale de l'île de Leyte.

L'océan s'est engouffré au rez-de-chaussée de l'hôpital qui comptait 200 lits, détruisant les machines à IRM, radios et échographies, ainsi que les urgences et le laboratoire.

«Nous avions acheté l'appareil IRM pour 65 millions de pesos (1,1 million d'euros) il y a six mois. Il n'a pas encore été complètement payé», note l'infirmière.

«Nous avons perdu neuf patients pendant le typhon, quand la panne de courant a affecté ceux qui étaient sous respirateur artificiel», raconte-t-elle encore.

Depuis le passage de Haiyan, des médecins du sud des Philippines et des bénévoles d'Israël, du Japon et de Corée du Sud sont arrivés pour prêter main-forte. Des renforts bienvenus qui ont permis d'ouvrir une salle pour les opérés à l'étage.

«Ces trois-là doivent être amputés», explique-t-elle en montrant deux hommes allongés sur des bancs et un troisième sur une civière, tous blessés à une jambe.

Une vingtaine de patients venus pour une simple consultation s'entassent dans le hall, dont des enfants qui pleurent en recevant une injection. Des pharmaciens trient des médicaments donnés à l'hôpital, les mettant dans de petites boites pour qu'ils puissent être distribués à ceux qui en ont besoin.

Le garde de sécurité de l'établissement, Rogelio Sabugo, est en faction, sans arme, en shorts et veste de camouflage.

«Ma maison a été détruite, et j'ai laissé ma femme et mes deux enfants sous une table qui nous sert désormais de maison», raconte cet homme de 39 ans qui est revenu travailler dès le lendemain du typhon, comme si de rien n'était.

À l'extérieur, une religieuse de l'ordre des Bénédictines de Tutzing, qui gère l'hôpital, dirige six garçons qui déblaient la route couverte de boue et de débris.

«L'hôpital a été touché par des vagues de 10 pieds (3 mètres), c'est très déprimant», lance la soeur Eloisa David. Cette religieuse qui a travaillé dans l'établissement de 1990 à 2007 et qui était sur l'île épargnée de Bohol quand la tempête a frappé est revenue dès qu'elle a entendu les nouvelles, pour aider.

«Il n'y a pas d'électricité, il n'y a pas d'eau. Nous apportons de l'eau par camion».

Non loin, Sam Bajeo, médecin dépendant du gouvernement arrivé du sud du pays, examine un patient, en short et maillot de corps, témoignage du relâchement des règles habituelles d'un hôpital où tout le monde doit désormais mettre la main à la pâte.

«J'ai aidé à nettoyer la salle d'opération à l'étage, alors j'étais mouillé», lance-t-il avec un petit sourire.