Effrayés par le typhon et les épisodes de pillage des derniers jours, incapables de se mettre à l'abri ou d'obtenir des informations fiables du reste du pays, des sinistrés ont cédé à la panique mercredi en fuyant un assaut imaginaire de guérilleros maoïstes qu'on croyait descendus des montagnes pour attaquer la ville à la faveur du chaos ambiant.

Même les opérations de secours ont été perturbées par la panique ambiante.

Un convoi de soldats et policiers chargé de transporter des dizaines de cadavres vers une fosse commune a fait demi-tour et cessé ses activités pour une partie de la journée hier après avoir croisé une foule en panique qui disait fuir une fusillade à une dizaine de kilomètres de l'hôtel de ville. «Je ne peux pas risquer ainsi la sécurité de mes hommes», a lancé le responsable de la police fédérale chargée de l'opération.

Un officier de l'armée philippine et plusieurs soldats ont déclaré toute la journée que la ville n'était pas sûre en raison de la présence de «terroristes» de la New People's Army (NPA), la guérilla maoïste active dans les montagnes de la région, qui auraient ouvert le feu à la gare d'autobus de Tacloban. Des ressortissants étrangers venus assister les sinistrés ont été avisés de limiter leurs déplacements.

«Les terroristes n'ont pas de nourriture dans leurs montagnes et la gare est proche des montagnes», a expliqué un officier chargé de la protection du centre des mesures d'urgence de Tacloban.

Or, après vérification, toutes ces histoires d'attaques se sont révélées fausses, a confirmé un responsable de la police nationale en fin de journée.

«Il y a eu plusieurs rapports d'attaques rebelles, en plusieurs endroits, nous avons reçu plusieurs appels à ce sujet et nous avons envoyé des troupes. Mais c'était finalement une fausse rumeur partie d'un village et qui s'est relayée de bouche à oreille dans la foule qui convergeait vers Tacloban», a expliqué l'inspecteur Romuel Macar en entrevue à La Presse.

«Il n'y a pas d'attaque confirmée de la NPA, et heureusement, car ils ne doivent pas profiter de la situation», affirme l'inspecteur.

«Avec les communications qui ne fonctionnent pas, beaucoup de rumeurs circulent. Nous ne pouvons pas blâmer les gens, avec la situation dans laquelle ils sont, d'avoir peur», affirme le porte-parole.