Esprit aventureux et coeur vaillant, James Reynolds traque volcans, séismes et cyclones comme d'autres vont au bureau, mais le typhon Haiyan qui a meurtri le centre des Philippines bat tous les records de violence, a-t-il raconté lundi à l'AFP.

«Je n'ai jamais rien traqué de tel. C'est absolument hors catégorie à la fois en raison de la puissance de la tempête et de l'étendue de la tragédie humaine», raconte Reynolds, 30 ans, dont huit passés à filmer les calamités naturelles sur le continent asiatique.

«C'est la plus grave catastrophe naturelle dont j'ai été le témoin», ajoute-t-il, se prévalant de s'être mis volontairement sur la trajectoire de 35 typhons.

Reynolds et son équipe se sont envolés pour les Philippines quelques jours avant l'arrivée prévue d'Haiyan, le vendredi 8 novembre. Ils se sont installés à Tacloban, un port de la côte est où résidaient 220 000 personnes.

Accompagné de vents soufflant à plus de 300 km/h en rafale et soulevant des vagues de plusieurs mètres, le typhon pourrait y avoir fait plus de 10 000 morts, selon un responsable de la police locale.

Les images prises par James Reynolds depuis l'hôtel où il avait pris ses quartiers - un des rares édifices en dur de la ville dont les habitations sont majoritairement faites de tôle et de bois - donnent une idée des forces engagées.

«Ca n'était qu'un rugissement assourdissant, le bruit du vent. On sentait les murs de l'hôtel trembler quand de gros objets se fracassaient dessus. Toute personne qui se serait trouvée dehors à ce moment-là aurait été tuée immédiatement», dit-il.

Le lendemain, le jeune homme découvre le paysage d'une ville dont tout relief a été emporté ou brisé en un amas informe sous lequel pourrissent des centaines de corps. Il évoque «une scène de tsunami», lui qui a vu celui de 2011 au Japon.

Rentré précipitamment pour faire hospitaliser un membre de son équipe, blessé par une pièce de métal flottant dans les rues inondées, Reynolds a la ferme intention de continuer à «chasser» les typhons d'Asie et de porter au monde le témoignage de leur «extrême dévastation sur les populations».