L'Inde est prête à accorder «le bénéfice du doute» au Pakistan, avec lequel les relations sont tendues à cause du Cachemire, et veut voir dans la Chine «un rival» mais aussi «un partenaire», a indiqué le ministre indien des Affaires étrangères.

Inde et Pakistan sont à couteaux tirés depuis l'indépendance à propos du Cachemire, divisé entre les deux nations mais revendiqué en totalité par chacune d'entre elles. New Delhi accuse régulièrement Islamabad de couvrir les rebelles islamistes qui traversent la frontière pour fomenter des attentats en Inde.

«Nous parlons de temps au temps au Pakistan et en ce qui concerne les gestes de personne à personne, ils sont chaleureux», a déclaré le ministre Salman Khurshid dans un entretien au quotidien The Australian publié lundi.

«Mais la réalité sur le terrain et les résultats de nos réunions sont très décevants», a-t-il ajouté.

New Delhi veut toutefois donner sa chance au nouveau Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, qui a exprimé sa volonté de faire la paix avec l'Inde.

«Le Pakistan a beaucoup de questions très difficiles à gérer dans son propre pays. Nous sommes d'avis qu'il faut leur donner du temps. Pas de façon à ce que cela nous coûte, bien sûr, mais nous devons leur accorder le bénéfice du doute», a déclaré le ministre.

«Lorsque M. Nawaz Sharif dit qu'il veut la paix et de bonnes relations avec l'Inde, nous devons le prendre au mot», a-t-il dit.

L'Inde et le Pakistan échangent régulièrement des tirs le long de la Ligne de Contrôle (LoC), frontière séparant de facto les deux puissances nucléaires dans la région himalayenne du Cachemire, malgré un cessez-le-feu signé en 2003.

Avec la Chine, pays le plus peuplé du monde, juste devant l'Inde, les relations sont «complexes», a noté le ministre.

Interrogé s'il considérait la Chine comme un rival, Salman Khurshid a répondu: «oui je crois que c'est inévitable dans une certaine mesure, mais c'est bien plus complexe évidemment».

«Nous aimerions être des rivaux qui sont aussi des partenaires, et des partenaires qui sont aussi des rivaux», a-t-il dit. «Notre Premier ministre a souligné que le monde est suffisamment grand pour contenir les aspirations de la Chine et de l'Inde».

Delhi et Pékin ont conclu en octobre un accord de coopération militaire censé atténuer les risques d'une brusque aggravation de leur conflit frontalier, après une poussée de tension au printemps dans la zone himalayenne dont les deux géants asiatiques se disputent la souveraineté.

Des troupes chinoises ont effectué une incursion présumée le 15 avril dans une zone reculée revendiquée par l'Inde. Après trois semaines tendues, les deux gouvernements avaient fait reculer leurs troupes, puis tenté de dédramatiser l'incident.

Le ministre indien a estimé qu'il y avait «beaucoup de théories» expliquant les incursions de l'armée chinoise en territoire indien. «Est-ce une action concoctée de manière indépendante par l'Armée de libération du peuple? Ou est-ce une manière subtile de la part de la Chine d'envoyer des messages de domination?».

«Lorsque nous les (les dirigeants chinois) rencontrons, ils sont très amicaux et raisonnablement réceptifs à nos inquiétudes», a souligné M. Khurshid. «Je ne dirais pas que nous sommes totalement satisfaits mais il y a un mouvement régulier qui va de l'avant».