L'ancien premier ministre thaïlandais en exil Thaksin Shinawatra a nié mercredi qu'un projet de loi d'amnistie controversé soutenu par ses alliés ait été conçu pour lui, accusant ses opposants de «mensonges».

Depuis son approbation vendredi par le Parlement, les partisans de l'opposition sont descendus dans la rue tous les jours pour demander le retrait de ce texte qui selon eux permettrait à leur ennemi Thaksin de rentrer au pays.

Le contenu du projet de loi «a été déformé» pour laisser entendre que «l'amnistie va me rendre mon argent et blanchir seulement une personne, alors que l'objectif est de permettre au pays de dépasser les conflits et de rendre justice aux victimes du coup d'État de 2006», a indiqué l'ancien premier ministre renversé par ce putsch, dans une déclaration publiée par son conseiller juridique.

«Comme j'ai été premier ministre, je respecte les diverses opinions des Thaïlandais, mais je ne peux pas accepter les déformations (de la vérité) et les mensonges dont ma famille et moi avons été l'objet pendant des années», a-t-il ajouté.

Thaksin, qui reste le personnage à la fois le plus aimé et le plus haï du pays, vit à Dubaï pour échapper à une condamnation à deux ans de prison pour malversations financières infligée en 2008 après l'enquête d'une commission spéciale anticorruption créée par la junte.

En 2010, la justice avait également saisi 1,4 milliard de dollars de la fortune de sa famille pour abus de pouvoir.

Le projet d'amnistie, qui doit encore être examiné au sénat, inclut les crimes liés aux violences politiques des dernières années, mais aussi les individus poursuivis par des organisations mises en place après le coup d'État.

Même en cas de rejet de la loi par le Sénat, la chambre basse peut soumettre la loi à l'approbation du roi, après un délai de 180 jours.

Le Puea Thaï, parti au pouvoir de la première ministre Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin, a toutefois évoqué mercredi la possibilité de ne pas poursuivre le projet en cas de rejet par le sénat.

Yingluck, tout en assurant aussi que le Parlement respecterait la décision du Sénat, avait de son côté mardi défendu le texte, mettant en avant la réconciliation nationale après des années de crises politiques qui avaient culminé au printemps 2010.

Jusqu'à 100 000 «chemises rouges» favorables à Thaksin avaient alors occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la démission du chef du gouvernement de l'époque, Abhisit Vejjajiva, avant d'être délogées par l'armée. La crise, la plus grave qu'ait connue la Thaïlande moderne, avait fait quelque 90 morts et 1900 blessées.