Des engins explosifs visant apparemment le siège du Parti communiste chinois (PCC) de la province du Shanxi (nord) ont fait un mort mercredi, ont annoncé police et médias - dix jours après un attentat place Tiananmen à Pékin.

«Il y a eu plusieurs explosions successives provoquées par de petits engins explosifs à proximité du siège du Parti à Taiyuan», la capitale du Shanxi, a annoncé la police de la ville sur son compte officiel de microblogues.

Les explosions, déclenchées peu avant 8 h (19 h mardi, heure de Montréal), ont tué une personne et blessé huit autres, dont une grièvement, a précisé un site d'informations du gouvernement provincial, citant la police.

Les incidents de ce type, visant les locaux du parti unique en Chine, sont très rares, alors que les manifestations de rue et autres formes de protestations sociales ou environnementales sont désormais courantes, en dépit de l'accent mis par le régime sur la «stabilité». Le recours aux explosifs est le plus souvent le fait de désespérés qui mettent fin à leurs jours, entraînant parfois des morts collatérales.

Les enquêteurs ont découvert sur les lieux des fragments de roulements à billes et «des mécanismes explosifs utilisant des circuits électroniques», a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle, selon qui il pourrait s'agir de «bombes artisanales».

Les billes d'acier introduites dans les engins explosifs sont destinées à augmenter le nombre de victimes.

Certains des explosifs étaient placés dans des parterres de fleurs à l'entrée du bâtiment abritant le siège du comité provincial du Parti, a indiqué pour sa part la télévision d'État CCTV.

Des photographies postées sur le réseau social Weibo, équivalent chinois de Twitter, montraient des portes de véhicules criblées de petits impacts et des pneus perforés. Sur d'autres clichés, on pouvait voir un pare-brise de voiture brisé, et des fragments de verre sur la chaussée.

Sur une photo, un homme tient dans sa main de grosses billes métalliques - apparemment retrouvées parmi les débris jonchant le bitume.

Une vingtaine de véhicules garés une centaine de mètres à la ronde ont été endommagés, a précisé CCTV.

Selon des témoignages rapportés par le journal Caixin, sept détonations distinctes, étalées sur plusieurs minutes, ont été entendues et le sol a tremblé sous la puissance des explosions, dont les répercussions étaient perceptibles à 100 mètres de distance.

Deux autres témoins, cités par l'agence Chine nouvelle, ont raconté avoir entendu un bruit assourdissant et aperçu de la fumée, juste avant d'assister à l'explosion d'une camionnette.

D'autres photos sur les réseaux sociaux montraient un panache de fumée grisâtre, plusieurs camions de pompiers en travers d'une rue bloquée à la circulation, et une foule importante rassemblée d'un côté de l'artère.

La rue Yingze, où ont eu lieu les explosions, avait été le théâtre en fin de semaine dernière d'une manifestation de quelque 200 ouvriers protestant contre leur licenciement, selon des informations et clichés diffusés sur Weibo.

«Plusieurs hauts responsables du Shanxi, dont ceux responsables de la sécurité publique et de la gestion des pétitions (réclamations des citoyens, NDLR) se sont réunis d'urgence», a rapporté Caixin sur son compte Weibo officiel.

Cette série d'explosions intervient après qu'un 4X4 a foncé dans la foule et pris feu place Tian'anmen à Pékin en début de semaine dernière, faisant deux morts, en plus des trois occupants du véhicule, et 40 blessés.

Les autorités chinoises ont affirmé que cet attentat, toujours non revendiqué, avait été soutenu par le Mouvement islamique du Turkestan oriental (ETIM), un groupuscule séparatiste du Xinjiang (nord-est), classé comme organisation terroriste par l'ONU.

L'incident de Taiyuan survient par ailleurs à trois jours de l'ouverture, ce week-end à Pékin, d'un plénum du Comité central du Parti communiste, où devraient notamment être discutées d'importantes réformes économiques.

Après l'attentat place Tian'anmen, les autorités ont massivement censuré l'internet, effaçant clichés, témoignages et commentaires.

À l'inverse, de nombreuses photographies montrant les dégâts des explosions de Taiyuan étaient diffusées mercredi sur les réseaux sociaux chinois, où l'évènement était abondamment commenté par les internautes.

L'expression «comité provincial (du Parti) du Shanxi» était la sixième recherche la plus populaire sur Weibo, tandis que les mots «explosion (à) Taiyuan» figurait en neuvième position.