La télévision d'État chinoise CCTV a affirmé mardi que son compte Twitter, piraté, avait «publié une information erronée» annonçant une enquête visant l'ex-grand patron de la police, Zhou Yongkang, un responsable clé du régime jusqu'à l'an dernier.

«Le compte CCTVNEWS a été le 21 octobre la cible (d'une attaque) et utilisé de façon illégale pour publier une information erronée, reproduite à partir d'autres sources. Cette information non autorisée a été effacée», a écrit CCTV sur son compte Twitter en anglais.

Le tweet en question annonçait la mise en place, par le numéro un chinois Xi Jinping, d'une «équipe spéciale chargée d'enquêter sur les allégations de corruption concernant Zhou Yongkang».

Zhou faisait partie jusqu'à novembre 2012 du Comité permanent du Bureau politique du Parti communiste chinois (PCC), l'organe suprême du pouvoir en Chine, où il était responsable de la sécurité et de l'appareil judiciaire.

Le tweet de CCTV, qui reprenait visiblement une information du South China Morning Post de Hong Kong, avait vivement surpris les observateurs qui jugeaient très improbable que les autorités annoncent de la sorte l'ouverture d'éventuelles investigations visant un des personnages les plus puissants du régime.

Très sensible, le sujet n'a été abordé pour l'instant que par la presse de Hong Kong et les médias étrangers.

Zhou est proche des grands groupes pétroliers chinois dont il a été un responsable dans les années 1990.

Plusieurs de ses anciens collaborateurs de l'industrie pétrolière font actuellement l'objet d'enquêtes dans le cadre de la campagne anticorruption en cours.

«Ce tweet a-t-il été envoyé par erreur par un stagiaire?», s'est ainsi interrogé Jeremy Goldkorn, spécialiste de l'internet en Chine et fondateur du site sur les médias Danwei.org.

Le tweet a été rapidement effacé, mais restait consultable grâce à des captures d'écran réalisées lundi.

D'autres commentateurs doutaient que le compte Twitter de CCTV ait été réellement piraté. CCTV s'est d'ailleurs gardé d'utiliser le terme «piratage», expliquant de façon plus vague avoir «été ciblé», ont-ils relevé.

Cet incident faisait mardi le bonheur de certains internautes qui rappelaient que, selon une directive récemment adoptée par le pouvoir, il suffit qu'un message jugé diffamatoire soit retweeté au moins 500 fois pour que son auteur encoure la prison.

Le South China Morning Post, quotidien de Hong Kong, avait affirmé fin août qu'une enquête était lancée contre Zhou Yongkang. Cette information n'a pas été confirmée officiellement et Zhou est apparu en public au début du mois d'octobre.