Les États-Unis ont reçu dimanche soir le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif en visite officielle et indiqué vouloir reprendre leur aide antiterroriste à Islamabad qui était quasiment interrompue depuis le raid contre Oussama Ben Laden en 2011.

Au moment où M. Sharif était accueilli à Washington par le secrétaire d'État John Kerry, le département d'État a annoncé qu'il avait demandé au Congrès il y a plusieurs semaines de voter le financement de cette assistance en matière de sécurité destinée à appuyer les forces armées pakistanaises dans leur lutte contre les talibans pakistanais et Al-Qaïda.

«Au cours de l'été passé, le département d'État a notifié au Congrès comment il comptait financer certains programmes au Pakistan (...) dans le cadre d'un long processus de redémarrage de notre assistance en matière de sécurité», d'une valeur de 305 millions de dollars annuels, a déclaré une porte-parole du ministère, Marie Harf, dans un courrier électronique à l'AFP.

En recevant Nawaz Sharif au département d'État, John Kerry a jugé que «la relation avec le Pakistan ne pourrait pas être plus importante».

Devant son hôte et quelques journalistes, il a loué cette «démocratie» d'Asie du Sud «qui travaille dur pour faire avancer son économie et gérer une insurrection», en allusion aux talibans alliés à Al-Qaïda dans les zones tribales du nord-ouest du pays.

A l'issue de leur entretien et d'un dîner privé, les deux dirigeants ont exprimé, selon un communiqué, «l'importance de la poursuite de (leur) coopération antiterroriste» et le fait que «le combat contre l'extrémisme se fondait en partie sur une plus grande stabilité économique» du Pakistan, un pays en grave crise économique et énergétique.

Mme Harf a précisé que l'aide des États-Unis en matière de sécurité consistait à développer «les capacités des forces de sécurité du Pakistan en matière de contre-insurrection et d'antiterrorisme».

Au total, «pour l'année budgétaire 2014, le président (américain) a demandé au Congrès une aide étrangère au Pakistan d'un montant de 1,162 milliard de dollars, dont 857 millions d'aide civile et 305 millions d'assistance sécuritaire», a détaillé la porte-parole du département d'État.

Elle a précisé que cette aide civile de Washington à Islamabad s'était toujours «poursuivie sans interruption».

M. Sharif a entamé dimanche soir une visite historique de quatre jours aux États-Unis où il va discuter des négociations de paix en Afghanistan, des tirs, très controversés, de drones américains au Pakistan et de la collaboration économique entre ces deux pays aux relations tortueuses.

Le vainqueur des législatives de mai au Pakistan et à la tête d'un pays de 180 millions d'âmes meurtri par les attentats et dont les repaires talibans à la frontière avec l'Afghanistan sont bombardés par les drones américains.

Les relations déjà tendues entre les deux pays, pourtant alliés dans la «guerre contre le terrorisme» depuis 2001, étaient tombées au plus bas dans la foulée du raid unilatéral en mai 2011 d'un commando américain contre le chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden au nord d'Islamabad.

Depuis son retour au pouvoir, M. Sharif - Premier ministre à deux reprises dans les années 1990 - a multiplié les signes de détente avec les États-Unis, au moment où les deux pays veulent s'assurer d'un Afghanistan stable après le retrait des forces de l'Otan à la fin 2014.

M. Kerry avait été reçu début août à Islamabad où il avait promis que les campagnes de tirs de drones cesseraient «très bientôt».