La Corée du Nord a autorisé la mère d'un Américain condamné aux travaux forcés à se rendre à son chevet, un geste exceptionnel alors que le régime a récemment annulé la rencontre de Coréens séparés depuis des décennies.

Kenneth Bae, 45 ans, dont le nom coréen est Pae Jun-ho, avait été arrêté en novembre 2012, accusé par Pyongyang d'être un évangéliste ayant introduit dans le pays du matériel visant à déstabiliser le régime.

Le prisonnier, condamné à 15 ans de travaux forcés, a été hospitalisé le 5 août pour des problèmes de rein et de foie.

Sa mère, identifiée sous son nom coréen, Song Myung-Hee, est arrivée à Pyongyang jeudi à 17 h 15 locales pour une visite de cinq jours, selon le journal pro-Pyongyang publié au Japon, le Chosun Sinbo.

Dans un enregistrement vidéo diffusé avant son départ, Mme Song a exprimé sa détresse et son angoisse après avoir vu une entrevue de son fils réalisée en prison au mois de juillet.

«Je ne sais pas à quoi m'attendre quand je vais rencontrer mon fils», a-t-elle dit. «Mon coeur s'est brisé quand cette entrevue a été diffusée le 3 juillet parce que son apparence était choquante».

«Je n'étais pas certaine que ce prisonnier était mon fils», a-t-elle confié.

Mais après une brève entrevue vendredi, elle s'est dite rassurée, affirmant qu'il «n'avait pas l'air si mal», selon l'agence de presse japonaise Kyodo.

Kenneth Bae a confié à sa mère que son état de santé s'était amélioré. Une nouvelle rencontre pourrait avoir lieu dans les prochains jours.

Les États-Unis ont appelé à sa libération pour raisons humanitaires.

Selon sa soeur, Terri Chung, il a perdu plus de 23 kilos.

Kenneth Bae a été condamné dans un contexte de fortes tensions militaires entre la Corée du Nord et les États-Unis après un troisième essai nucléaire nord-coréen qui a valu au pays un nouveau train de sanctions aux Nations unies.

Les contempteurs du régime nord-coréen ont suggéré qu'il pouvait servir de monnaie d'échange à Pyongyang, une allégation démentie par le régime.

La Corée du Nord a libéré des Américains par le passé après la visite de hauts responsables, dont les anciens présidents Bill Clinton et Jimmy Carter.

Le basketteur Dennis Rodman, invité permanent de la Corée du Nord selon son dirigeant Kim Jong-Un, était en revanche reparti sans le prisonnier américain lors de son dernier séjour en septembre.

Pyongyang a récemment annulé les retrouvailles de centaines de Coréens, du Nord et du Sud, dans le cadre du programme de réunions des familles séparées par la guerre de Corée (1950-1953), arguant de l'attitude «hostile» à son égard de la Corée du Sud.