Le sénateur américain et ancien prisonnier de guerre au Vietnam John McCain a estimé lundi que la capacité du général vietnamien Giap, mort vendredi à 102 ans, à accepter d'«immenses pertes» fut le pilier de sa victoire contre l'armée américaine.

John McCain, dont l'avion s'était écrasé en 1967 au-dessus d'Hanoï, avait loué un «brillant stratège militaire» vendredi sur Twitter après le décès de Vo Nguyen Giap, héros de l'indépendance vietnamienne et artisan de la débâcle française à Dien Bien Phu.

Lundi, l'ancien candidat à la présidentielle américaine, dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal, a estimé que la «volonté inflexible» de Giap expliquait la défaite américaine. «Il est difficile de défendre la moralité de la stratégie. Mais on ne peut nier son succès», écrit l'élu. «Giap était un maître de la logistique, mais sa réputation repose sur plus que cela».

«Ses victoires sont le fruit d'une patiente stratégie dont lui et Ho Chi Minh étaient persuadés qu'elle réussirait: une capacité inébranlable à souffrir d'immenses pertes et la destruction quasi-totale de leur pays de façon à vaincre tout adversaire, aussi puissant soit-il».

«"Pour dix de nos hommes que vous tuerez, nous en tuerons un", a dit Ho aux Français, "mais au final, vous vous fatiguerez les premiers"», se souvient M. McCain.

La victoire de Dien Bien Phu, en 1954, avait précipité la défaite française en Indochine, et le général a employé les mêmes tactiques contre les Américains, rappelle l'élu.

«Les États-Unis n'ont jamais perdu de bataille contre le Nord-Vietnam, mais ils ont perdu la guerre. Ce sont les pays, pas seulement leurs armées, qui remportent les guerres», analyse M. McCain.

Le sénateur est revenu au Vietnam dans les années 1990 pour notamment y rencontrer Giap. Réticent à évoquer le passé, le général avait toutefois montré sa volonté de réconciliation: «Nous nous sommes levés, serré la main, et alors que je me retournai, il m'a attrapé le bras, et dit doucement: "Vous étiez un ennemi honorable"».