Le président birman Thein Sein a rencontré des représentants musulmans et bouddhistes jeudi dans l'État Rakhine, afin de faire retomber les tensions des derniers jours, qui ont fait six morts.

Six personnes ont été arrêtées suite aux violences de ces derniers jours, qui ont fait six morts parmi les musulmans de la région, selon le dernier bilan officiel.

Avant de rentrer à Naypyidaw, la capitale birmane, Thein Sein a rencontré une vingtaine de représentants musulmans et bouddhistes sur la base militaire de Thandwe, ville de la côte ouest de la Birmanie où il a passé la nuit.

Il ne s'est cependant pas rendu dans les villages situés à une vingtaine de kilomètres de là, où ont eu lieu meurtres et incendies de maisons, avec un pic de violences mardi.

En 2012, des violences similaires avaient fait des dizaines de morts et des milliers de sans-abris.

La tension restait perceptible de nouveau mercredi soir, en dépit du déploiement des forces de l'ordre.

La police a dû procéder à des tirs de semonce, a déclaré un responsable de la police à l'AFP. Deux maisons appartenant à un musulman ont été incendiées aux alentours de Thandwe, sans faire de blessés.

Une dispute banale vendredi dernier entre un bouddhiste de la minorité Rakhine et un musulman de la minorité Kaman, deux groupes ethniques officiellement reconnus par le gouvernement, avait servi de détonateur.

Et mardi, un groupe de centaines d'émeutiers bouddhistes ont brûlé des maisons dans un village à une vingtaine de kilomètres de Thandwe. La police avait dans un premier temps fait état de la mort d'une musulmane de 94 ans, poignardée, avant d'annoncer désormais cinq autres morts musulmans.

L'État Rakhine a été le théâtre en 2012 de deux vagues d'affrontements entre Rakhines bouddhistes et musulmans de la minorité apatride des Rohingyas, qui ont fait plus de 200 morts et 140 000 déplacés, en grande majorité des musulmans qui vivent toujours dans des camps.

Les émeutes, accompagnées de campagnes menées par des moines bouddhistes radicaux, se sont ensuite propagées à d'autres parties du pays, visant cette fois des musulmans de nationalité birmane, faisant des dizaines de morts depuis le début de l'année.

Ces événements ont mis en lumière une islamophobie latente dans un pays majoritairement bouddhiste qui compte environ 4% de musulmans, et porté une ombre au tableau des réformes du gouvernement qui a succédé à la junte dissoute en mars 2011.