Le puissant typhon Man-yi a traversé lundi le Japon du sud-ouest au nord-est, déversant des pluies «sans précédent» sur plusieurs régions placées «sous alerte spéciale» tandis que des «mesures d'urgence» ont été prises à la centrale de Fukushima.

Ce typhon, le 18e de la saison en Asie, a déjà fait plus d'une centaine de blessés et au moins deux morts.

Il a abordé lundi l'île principale de Honshu via la préfecture d'Aichi (centre-sud) à 07H40 (dimanche 18H40, heure de Montréal), avant de traverser la région de Tokyo puis de se diriger vers l'océan Pacifique à l'est via la province de Fukushima, a annoncé l'Agence de météorologie.

Il a véhiculé de très fortes rafales de vent (jusqu'à 160 km/h) et des pluies qualifiées en certains endroits de «terribles» dans un large périmètre.

Des «alertes spéciales» de niveau maximum ont été émises pour la première fois par l'Agence de météorologie en plusieurs régions, dont l'ex-capitale impériale Kyoto à l'ouest, à cause de précipitations jamais vues.

En fin d'après-midi, on déplorait deux morts, quatre disparus et au moins 127 blessés, selon la chaîne de télévision NHK. Des centaines de maisons ont été inondées ou endommagées par des glissements de terrain. Des rivières et fleuves étaient en crue.

Des appels à évacuer ont été lancés pour un demi-million de personnes au total dans plusieurs régions, dont les provinces de Kyoto et Osaka. Quelques coupures de courant ont également été signalées.

«Mesures d'urgence» à Fukushima

Des trombes d'eau se sont aussi abattues sur la région de Fukushima où se trouve la centrale ravagée par le tsunami du 11 mars 2011 et, de ce fait, très vulnérable. Ces précipitations exceptionnelles ont obligé la compagnie exploitante, Tokyo Electric Power (Tepco), à prendre des dispositions particulières.

Elle avait dès dimanche renforcé les fixations des équipements cruciaux comme les conduites d'eau pour le refroidissement des réacteurs ou les pompes. Les grues ont aussi été arrimées et les patrouilles de surveillance renforcées.

Tepco a été forcée d'appliquer des «mesures d'urgence» consistant à évacuer vers l'océan Pacifique voisin l'eau de pluie qui s'était accumulée dans les zones protégées par un muret où sont installés des réservoirs de liquide radioactif. Ces relâchements ont été réalisés après avoir vérifié que la teneur en strontium 90 de cette eau un temps en contact avec le sol contaminé ne dépassait pas 30 becquerels par litre, a assuré Tepco.

Il existe toutefois des emplacements de réservoirs où le niveau de rayonnements bêta de l'eau accumulée était si élevé (jusqu'à 170 000 becquerels par litre) que Tepco n'a pu la laisser sortir et a dû installer des pompes provisoires afin de la transvaser dans des citernes.

Les pluies risquent en outre d'augmenter d'autant les quantités déjà très importantes d'eau radioactive qui se sont infiltrées dans les sous-sols du complexe atomique en péril.

Transport perturbé

Les groupes de transport aérien et ferroviaire ont quant à eux annoncé une réduction du service assuré.

Quelques 500 vols devaient être annulés au total lundi, notamment au départ de Tokyo, et les liaisons par trains, dont une partie des lignes à grande vitesse, ont été réduites. Comme lundi est un jour férié, de graves conséquences aux heures habituelles de pointe ont semble-t-il été évitées.

Avant lundi, le Japon avait cette année été relativement épargné par les typhons, mais de fortes pluies ont causé de nombreux dégâts en août dans l'ouest tandis que l'est a connu une chaleur sèche aussi torride qu'exceptionnelle qui a fait au moins 350 morts (des personnes âgées) et causé des inquiétudes sur les réserves d'eau, notamment pour Tokyo.