L'ancienne vedette de basket-ball Dennis Rodman a quitté samedi la Corée du Nord, après un séjour de cinq jours durant lequel il a rencontré le dirigeant Kim Jong-un, mais est reparti sans le prisonnier Kenneth Bae.

La légende flamboyante des Chicago Bulls est arrivée samedi vers 2 h 30 GMT (vendredi 22 h 30 à Montréal) à l'aéroport de Pékin, en provenance de Pyongyang, apparaissant au terminal des arrivées avec un cigare rivé aux lèvres, selon un photographe de l'AFP.

Face à la foule de journalistes qui l'attendaient, Dennis Rodman a montré des douzaines de clichés, dont certains pris lors d'une rencontre avec Kim, avant de s'emporter rapidement devant la pression de la foule, de proférer des insultes et de s'empresser de gagner le stationnement.

L'agence de presse officielle nord-coréenne (KCNA) avait rapporté plus tôt samedi que le basketteur, arrivé à Pyongyang en début de semaine, avait rencontré le dirigeant nord-coréen, mais la dépêche ne faisait aucune mention du détenu américain Kenneth Bae.

La visite de Dennis Rodman avait alimenté les spéculations qu'il mettrait à profit sa proximité avec Kim Jong-un, qu'il appelle son «ami», pour tenter de faire libérer M. Bae, condamné à quinze ans de camp de travail et détenu depuis neuf mois en Corée du Nord.

En mai dernier la vedette américaine aux multiples tatouages avait déclaré au site Internet TMZ spécialisé dans l'actualité des célébrités: «Je retournerai là-bas. Je vais essayer d'obtenir la libération de ce type».

«J'en appelle au Leader suprême de Corée du Nord, ou à ''Kim'', comme je l'appelle, pour qu'il me fasse une faveur et libère Kenneth Bae», avait-il par ailleurs écrit sur son compte Twitter.

Kenneth Bae, 45 ans, dont le nom coréen est Pae Jun-ho, avait été arrêté en novembre 2012 et accusé par Pyongyang, qui interdit tout prosélytisme religieux, d'être un évangéliste ayant introduit dans le pays du matériel visant à déstabiliser le régime.

«Ce n'est pas mon boulot» de le ramener, a glissé Dennis Rodman samedi à son arrivée à l'aéroport de Pékin.

«Je suis désolé qu'il soit encore en détention, et de sa situation... mais ce n'est pas pour cela que je suis venu», avait indiqué le basketteur samedi matin à l'agence japonaise Kyodo, avant de quitter son hôtel à Pyongyang.

La Corée du Nord a annulé vendredi l'invitation adressée à un émissaire officiel américain pour discuter du cas de Kenneth Bae, invoquant la participation américaine à des manoeuvres de dissuasion nucléaire avec la Corée du Sud.

Dans le bref article publié par KCNA, Kim Jong-un a déclaré que Rodman «pouvait visiter la Corée du Nord quand il le souhaitait et y passer du bon temps».

Le sportif a, selon l'agence de presse, remercié le numéro un nord-coréen «pour avoir exprimé sa confiance envers les Américains» et a offert un cadeau à Kim Jong-un et son épouse, avant de regarder un match de basket avec le dirigeant.

Dennis Rodman a par ailleurs confié à l'agence Kyodo qu'il espérait que Kim «lui faisait confiance en tant qu'individu» et que lui-même comptait «revenir dans le pays encore et encore à de nombreuses reprises».

Le basketteur à la retraite de 51 ans s'était déjà rendu en février à Pyongyang, un premier voyage à l'issue duquel il avait qualifié Kim Jong-un d'«ami pour la vie».

Selon l'agence officielle chinoise Chine nouvelle, Rodman était cette fois-ci accompagné par Michael Spavor, un Canadien qui dirige un programme d'échange éducatif appelé le projet Pyongyang, et Joseph Terwilliger, professeur associé de neurologie à l'Université de Columbia à New York.

Un porte-parole pour le commanditaire du voyage de Rodman, le bookmaker Paddy Power, avait indiqué mardi à l'AFP que le basketteur «ne se rendait pas en Corée du Nord pour discuter de la libération de Kenneth Bae» et que cette visite n'était qu'une «autre tournée de diplomatie du basketteur».