Plusieurs milliers de manifestants se sont réunis samedi à Phnom Penh, la capitale du Cambodge, lotus à la main en signe de paix, pour contester le résultat des législatives, remportées par le parti de l'inamovible Premier ministre Hun Sen.

Portant des rubans jaunes où l'on pouvait lire, en khmer, «mon vote, ma vie», les manifestants ont commencé à se rassembler dès le début de matinée dans le parc de la Démocratie, lieu traditionnel des manifestations. Ils étaient 10 000 en milieu de matinée, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Cette manifestation d'opposition intervient alors que les résultats définitifs de ces législatives de fin juillet doivent être annoncés dimanche par la commission électorale.

Sauf surprise, elle devrait confirmer les résultats préliminaires, qui donnent la victoire au parti du premier ministre Hun Sen.

«Où est mon vote?», «nous voulons la justice et une vraie démocratie», criaient les manifestants en choeur lors de cette manifestation, qui est l'une des plus importantes de ces dernières années dans le pays.

Le régime du premier ministre Hun Sen avait pourtant multiplié les signes d'intimidation, comme les fouilles de véhicules à l'entrée de la capitale, la mobilisation d'un dispositif de sécurité fort de milliers d'hommes et le «conseil», symbolique, aux étrangers de ne pas participer à la manifestation.

Aux abords de la foule réunie samedi, les forces de l'ordre étaient discrètes, mais leur déploiement était bien visible dans les principaux quartiers de la ville.

«Nos votes ont été volés. La victoire du peuple a été volée (...) Je préfère mourir si justice n'est pas faite», a expliqué à l'AFP dans la foule Uy Sarouen, 54 ans, en attendant la prise de parole du chef de file de l'opposition, Sam Rainsy.

«Nous avons rejoint la manifestation parce que nous voulons une vraie démocratie. Les élections ont été très injustes, avec de nombreuses irrégularités que nous ne pouvons accepter», a ajouté Chaing Chantara, 29 ans, réclamant la mise en place d'une commission indépendante pour trancher le résultat du vote.

L'opposition réclame en effet une enquête sur les fraudes par une commission indépendante. Mais Hun Sen, au pouvoir depuis 28 ans et dont le gouvernement est accusé de réduire ses opposants au silence, a assuré qu'il resterait premier ministre et formerait un nouveau gouvernement même si l'opposition boycottait le nouveau Parlement.

Le Parti du peuple cambodgien (CPP) de Hun sen a annoncé qu'il conservait sa majorité au Parlement avec 68 sièges contre 55 au Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) de Sam Rainsy. Le CNRP a rejeté ces résultats, revendiquant lui aussi la victoire avec 63 des 123 sièges du parlement, conduisant le Cambodge à une impasse politique, suscitant sur la scène internationale des craintes de violences.

La diplomatie américaine avait exhorté mi-août le régime cambodgien et son opposition à régler pacifiquement et non par la violence leur contentieux.

Mais, dans l'attente des résultats définitifs dimanche, aucun signe d'avancée n'était perceptible.

Sam Rainsy, rentré d'exil en juillet, a commencé sa carrière comme banquier en France. Ce Franco-Cambodgien est ensuite devenu l'un des hommes politiques les plus controversés du royaume. Il a finalement été interdit de se présenter aux législatives de juillet.