Le Sri Lanka s'en est pris dimanche à la Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Navi Pillay, l'accusant d'«outrepasser son mandat», après qu'elle eut estimé que le régime devenait de plus en plus autoritaire.

La veille, la Haut commissaire avait conclu sa mission d'enquête au Sri Lanka sur les accusations de crimes de guerre pendant le conflit civil qui s'est achevé en mai 2009. Après une semaine sur place, Mme Pillay s'était dite «très inquiète» du fait que le pays «montre des signes qui pointent de plus en plus vers l'autoritarisme».

Elle a déclaré que des responsables militaires avaient harcelé et intimidé des prêtres, des journalistes et d'autres, pour les punir d'avoir parlé avec elle et son équipe.

«Vous n'invitez pas une personne comme moi pour ensuite procéder à ce genre de chose. Ce type de harcèlement et de surveillance semble empirer au Sri Lanka, un pays où les voix critiques sont souvent attaquées ou même rendues silencieuses de manière permanente», a-t-elle déclaré, utilisant des termes inhabituellement durs.

Colombo a rétorqué dimanche que la Haut commissaire avait violé «les règles de base» que doit respecter un fonctionnaire des Nations unies.

«La remarque du Haut commissaire selon laquelle le Sri Lanka montre des signes "qui pointent de plus en plus vers l'autoritarisme" constitue une déclaration politique de sa part, qui outrepasse clairement son mandat», écrit le gouvernement dans un communiqué.

«Tout jugement sur la gestion du pays devrait être laissé aux citoyens du Sri Lanka, au lieu d'être caricaturé par des gens de l'extérieur influencés par des intérêts personnels», poursuit-il.

Auparavant, la presse pro-gouvernementale a elle aussi accusé Mme Pillay de «parti pris».

«Elle est arrivée avec un parti pris et elle est repartie avec son parti pris», écrit ainsi le journal Sunday Observer dans un article à la Une.

Le Sri Lanka résiste à la pression pour une enquête internationale sur les allégations de crimes de guerre. Le conflit, qui a duré de 1972 à mai 2009, s'est soldé par la défaite de la guérilla séparatiste tamoule dans cette île à majorité cinghalaise. Il a entraîné la mort de 100 000 personnes, selon des estimations de l'ONU.

Des organisations de défense des droits de l'homme estiment que 40 000 civils ont été tués au cours des derniers mois par les forces gouvernementales. Les rebelles tamouls ont aussi été accusés d'exactions et d'avoir utilisé des civils comme boucliers humains.

Le Sri Lanka dément que des exactions aient été commises par les forces gouvernementales combattant les rebelles tamouls, qui avaient pris les armes pour obtenir un territoire indépendant.