Un policier a trouvé la mort dans une «opération antiterroriste» dans le nord-ouest de la Chine, a rapporté jeudi la presse d'État chinoise, cette intervention ayant causé la mort de 22 membres de l'ethnie ouïghoure selon Radio Free Asia (RFA).

Le policier est «décédé en intervenant contre un groupe terroriste violent» dans la région troublée du Xinjiang, a précisé le journal Global Times sans fournir de détails sur d'autres victimes.

Selon le Quotidien de Kashgar, un journal de la presse officielle du Xinjiang, le policier nommé Yan Xiaofei a «donné sa vie de façon héroïque» le 20 août dernier et ses obsèques se sont tenues le week-end dernier.

Un total de 22 Ouïghours ont été tués dans l'opération policière dans la région d'Yilkiqi en bordure du désert, a de son côté affirmé Radio Free Asia (RFA), subventionnée par le gouvernement des États-Unis.

RFA a cité un responsable d'Yilkiqi nommé Alim Hamid, selon qui la police a emporté, après son intervention, 22 corps dans des housses mortuaires noires.

Le Congrès mondial ouïghour, une organisation exilée de défense des Ouïghours, a condamné dans un communiqué des «exécutions extrajudiciaires» et s'est déclaré «extrêmement préoccupé» par ces faits qui révèlent «la face sombre des opérations des autorités chinoises».

Malgré des tentatives répétées auprès de la police et des autorités locales, l'AFP n'a pu obtenir une confirmation officielle de ce qui s'est produit à Yilkiqi.

Les médias et les sites gouvernementaux chinois ont eux focalisé leurs informations sur le policier tué.

Le Xinjiang est régulièrement secoué par des troubles en raison des fortes tensions entre Han (ethnie majoritaire en Chine) et Ouïghours (musulmans turcophones). Les autorités accusent invariablement de «terrorisme» les militants ouïghours.

La Chine a annoncé cette semaine se doter d'un groupe national de lutte contre le terrorisme. Les autorités chinoises envoient déjà régulièrement des brigades d'élite de la police antiterroriste au Xinjiang.

Les autorités chinoises ont le 12 août dernier condamné à mort deux Ouïghours dans le Xinjiang, des «sentences politiques», avait affirmé le Congrès mondial ouïghour.

Une attaque qualifiée de «terroriste» par les autorités chinoises avait par ailleurs fait 35 morts en juin à Lukqiu, à 250 km au sud-est d'Urumqi, la capitale de la région autonome du Xinjiang. D'autres violences avaient fait 21 morts, dont six policiers en avril.

Des violences bien plus meurtrières avaient éclaté en juillet 2009 dans la capitale régionale, Urumqi, où près de 200 personnes avaient été tuées et plus de 1600 autres blessées.