Le mauvais temps a forcé samedi les autorités philippines à suspendre les recherches pour tenter de retrouver les 171 personnes portées disparues après le naufrage d'un traversier qui a déjà fait au moins 31 morts.

Le traversier St. Thomas Aquinas transportait 831 passagers et membres d'équipage lorsqu'il a sombré en dix minutes dans la nuit de vendredi à samedi au large du port de Cebu (centre de l'archipel) après une collision avec un cargo.

Samedi après-midi, 629 personnes avaient été secourues, avant qu'une tempête oblige les hélicoptères et bateaux qui tentaient encore de retrouver des survivants à interrompre les recherches.

Quelques heures plus tôt, les plongeurs tentant d'atteindre le bateau submergé avaient dû suspendre leurs efforts visant à vérifier le nombre de personnes restées prisonnières du traversier lorsqu'il a coulé.

«Il pleut fort (...), avec des vents très violents et une mer démontée», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Marine, le lieutenant Gregory Fabic.

Certains des disparus ont peut-être été recueillis à bord de bateaux de pêche qui se sont joints aux secours, a expliqué le contre-amiral Luis Tuason, commandant adjoint des garde-côtes. Il a toutefois dit s'attendre à un bilan final lourd.

Le pape François a été «profondément attristé» par ce drame et «a assuré toutes les personnes concernées de sa présence dans les prières», dans un message de condoléances.

«Le capitaine a eu le temps d'annoncer que le bateau coulait et ils ont commencé à distribuer les gilets de sauvetage, mais il a coulé tellement vite qu'il y a probablement des gens qui sont restés coincés à l'intérieur», a-t-il expliqué.

Une survivante, Maribel Manalo, âgée de 23 ans, a raconté à son frère l'horreur de se retrouver brusquement plongée dans l'eau froide, dans le noir, et d'émerger du chaos en ayant perdu sa mère.

«Elle a dit qu'il y a eu un grand bruit de choc, puis le bateau a commencé à couler», a raconté le frère, Arvin Manalo, à l'AFP.

«Elles ont vite mis des gilets de sauvetage et ont sauté dans l'eau, mais elles avaient l'impression d'être tirées vers le fond par le bateau qui coulait. Ma soeur a essayé de pousser ma mère vers le haut, mais elles ont été séparées».

«Ma soeur a été repêchée. Elle sait nager, mais pas ma mère». La mère, âgée de 56 ans, figure parmi les disparus.

Un pêcheur local, Mario Chavez, a raconté à l'AFP comment il avait secouru quelques personnes pendant la nuit.

«J'ai pu sortir dix personnes de l'eau. Il faisait totalement noir, et je n'avais qu'une petite lampe électrique. Les gens étaient ballotés par les vagues et appelaient au secours», a-t-il précisé.

«Ils m'ont dit qu'il y avait encore beaucoup de gens à bord lorsque le traversier a coulé... Il y avait beaucoup de gens qui criaient, mais je ne pouvais pas atteindre tout le monde», a-t-il ajouté.

La collision a eu lieu par mer calme, de nuit, à une distance de deux à trois kilomètres du port de Cebu, deuxième ville des Philippines, selon les autorités.

Le traversier, qui transportait également des véhicules, a rapidement coulé. En revanche, le cargo, le Sulpicio Express 7, n'a pas coulé.

Les traversiers sont l'un des principaux moyens de transport dans l'archipel des Philippines, qui compte plus de 7100 îles, particulièrement pour les millions de personnes qui sont trop pauvres pour voyager en avion.

Mais les accidents maritimes sont fréquents, le plus souvent dus à des normes de sécurité peu élevées, à des contrôles très souples et à la surcharge des navires.

La plus grave catastrophe maritime jamais survenue en temps de paix a eu lieu en 1987 au large de la capitale des Philippines, Manille, lorsqu'un traversier chargé de passagers qui allaient fêter Noël est entré en collision avec un petit pétrolier. Plus de 4300 personnes avaient alors péri.

L'armateur du traversier, Philippine Span Asia Carrier Corp., a confirmé à l'AFP que sa compagnie avait déjà connu quatre autres accidents similaires - dont celui de 1987 - ayant fait au total plus de 5000 victimes.