Le Parti du Peuple Cambodgien (CPP) du premier ministre Hun Sen est arrivé en tête des législatives contestées du 28 juillet avec moins de la moitié des voix, selon les résultats officiels préliminaires publiés lundi par la commission électorale (NEC), qui n'a pas donné la répartition en sièges.

Le CPP a obtenu 49% des plus de 6,6 millions de votes, contre 44% au Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) du leader de l'opposition Sam Rainsy qui conteste toujours la victoire de Hun Sen, selon les calculs faits par l'AFP à partir des résultats province par province.

Le reste des voix s'est réparti entre de petits partis qui ne devraient obtenir aucun des 123 sièges en jeu.

Au terme d'élections décrites par des organisations locales et internationales comme entachées d'irrégularités, le CPP avait annoncé conserver sa majorité au parlement avec 68 sièges contre 55 au CNRP.

Malgré le plus mauvais score du parti au pouvoir depuis 1998, l'opposition a rejeté les résultats du CPP --et ceux de la NEC--, revendiquant la victoire avec au moins 63 sièges. Et elle continue de réclamer une commission d'enquête indépendante, avec l'ONU, sur des fraudes qu'elle estime massives.

Mais les différentes parties n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur les modalités de cette enquête, et en particulier sur le rôle de l'ONU.

«Le CNRP est très déçu et s'oppose aux résultats provisoires (...) alors que de graves irrégularités avant et le jour des élections n'ont pas fait l'objet d'une enquête», a-t-il souligné lundi dans un communiqué, notant que Rainsy devait discuter de la question mardi à New York avec des responsables de l'ONU.

«Nous allons déposer une plainte contre les résultats», a précisé son numéro deux Kem Sokha.

La NEC a noté que les partis pouvaient effectivement déposer des plaintes auprès d'elle ou du Conseil constitutionnel «dans les 72 heures». Mais «nous avons déjà résolu» les problèmes avant la publication des résultats préliminaires, a assuré à l'AFP son secrétaire général Tep Nytha.

Les résultats définitifs, avec la répartition en sièges, seront publiés jeudi ou vendredi s'il n'y a pas de plaintes, et dans le cas contraire «d'ici au 8 septembre», a-t-il ajouté.

Alors que l'opposition a menacé de manifestations de masse «en dernier ressort» si elle n'est pas entendue, des soldats et des véhicules blindés ont été déployés dans Phnom Penh la semaine dernière.

Un déploiement destiné selon les autorités à parer à tout débordement, mais dénoncé par l'opposition comme une manoeuvre d'intimidation visant à décourager la population de descendre dans la rue.

Hun Sen, au pouvoir depuis 28 ans et dont le gouvernement est régulièrement accusé de réduire ses opposants au silence, a de son côté assuré qu'il resterait premier ministre et formerait un nouveau gouvernement même si l'opposition mettait à exécution sa menace de boycotter le nouveau parlement.