Les chefs des opérations militaires de l'Inde et du Pakistan se sont parlé au téléphone mercredi au lendemain des accusations par l'Inde que cinq de ses soldats avaient été tués par des militaires pakistanais au Cachemire, a indiqué un responsable à Islamabad.

L'Inde a accusé mardi le Pakistan d'avoir tué cinq de ses soldats sur la Ligne de Contrôle (LoC), frontière de facto séparant les deux pays dans la région disputée du Cachemire. Mais Islamabad a rejeté toute implication dans cette attaque qui intervient alors que le nouveau Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a fait de l'amélioration de ses relations avec l'Inde l'une de ses priorités.

«Une conversation sur le téléphone rouge a eu lieu ce matin entre les directeurs des opérations militaires du Pakistan et de l'Inde pour discuter de la situation après les allégations récents de l'Inde sur la LoC», a dit à l'AFP un haut responsable militaire à Islamabad.

Le Pakistan a rejeté «vigoureusement et catégoriquement» les allégations de l'Inde et affirmé que les soldats indiens avaient grièvement blessé par balle deux soldats pakistanais le long de la frontière au Cachemire.

À New Delhi, le parti du Congrés, au pouvoir, s'est efforcé de calmer le jeu, afin de ne pas mettre en péril une reprise des négociations avec Islamabad, et alors que l'opposition accuse le gouvernement de laxisme.

Le gouvernement «ne veut pas jeter le bébé avec l'eau du bain»,  a déclaré le ministre indien des Affaires étrangères Salman Khurshid.

«Nous ne voulons pas créer une situation qui soit nuisible et destructrice pour la sécurité et la paix de l'Inde», a-t-il dit à l'agence de presse Press Trust of India.

La veille, le gouvernement avait pris bien soin de dire que l'attaque avait été perpétrée par «des personnes vêtues d'un uniforme de l'armée pakistanaise». L'armée indienne, au Cachemire, avait elle évoqué des «troupes pakistanaises».

L. K. Advani, un haut responsable du principal parti d'opposition, le Bharatiya Janata Party (BJP), a harangué les parlementaires, dans une atmosphère houleuse, déclarant que ce n'était «pas le moment de discuter».

La presse indienne faisait sa Une mercredi sur la mort des cinq soldats. Le Times of India estime que cette attaque «teste la patience de l'Inde une fois encore», tandis que le Mail Today évoque «la ligne de non contrôle de Sharif», le Premier ministre pakistanais.

L'Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires fortement militarisées, se sont livré trois guerres depuis leur indépendance concomitante en 1947 de l'empire britannique. Deux de ces conflits portaient sur le Cachemire, région divisée en deux mais revendiquée par chaque pays.

Selon des analystes indiens, ce nouvel incident, malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis 2003 au Cachemire, pourrait entamer la confiance de New Delhi dans le nouveau gouvernement pakistanais.

Les deux chefs de gouvernement doivent se renconter en marge d'une assemblée générale des Nations unies le mois prochain à New York, mais les observateurs avancent que cette rencontre pourrait être annulée au regard des derniers développements.